Violon (Le) / Dernier des fous (Le)

Violon (Le) / Dernier des fous (Le)
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Le Violon : Don Plutarco et son fils Genaro mènent une double vie. Fermiers et musiciens itinérants, ils font également partie de la guérilla qui tente de renverser le gouvernement. Un matin, les leaders de leur mouvement sont capturés par l'armée. Don Plutarco parvient à s'enfuir dans la montagne avec les femmes et les enfants, tandis que le reste des rebelles organise la contre-attaque. Mais un problème majeur reste à résoudre : la plupart des munitions est restée cachée dans le village encerclé par les soldats... Le Dernier des fous : Dans la province française, de nos jours. Dans la ferme de ses parents, Martin, 11 ans, assiste désemparé à la désintégration de sa famille. Sa mère, fermée au monde qui l'entoure, vit cloîtrée dans sa chambre. Son frère aîné, qu'il vénère, se noie dans l'alcool, et son père, sous l'emprise de la grand-mère, n'est que le spectateur impuissant de la déchéance familiale. Résistant au désespoir, Martin trouve refuge auprès de son chat Mistigri et de Malika, la bonne marocaine à laquelle il est très attaché. Mais ni leur affection, ni sa volonté de comprendre et d'aider les siens ne parviennent à ralentir la marche inéluctable de ce tragique été. Martin se prépare à mettre fin à toute cette confusion...

À COURT

Ne serait la simultanéité de leurs sorties, rapprocher Le Violon de Francisco Vargas et Le Dernier des fous de Laurent Achard ne va pas de soi. Tous deux partagent pourtant un passé commun, puisque l'un comme l'autre sont le résultat de promesses de long émanant d'une forme courte. Le cas du Violon est assez commun et a des exemples réguliers (dont, par exemple, le prochain Cashback): allongement d'un court salué en festival, le film de Vargas souffre du syndrome 13 Tzameti, avec qui il partage d'ailleurs un même soin du cadre et une même tentation du noir et blanc esthétisant. Les symptômes du ratage sont également les mêmes: délaiement d'une seule idée, érosion du rythme, beaux passages (ici une introduction musclée et efficace, et quelques beaux va-et-vient musicaux) noyés dans une mécanique molle et, par conséquent, lassitude progressive. Au final, on aurait aimé voir le court métrage.

Le cas Achard diffère — et embarrasse davantage — en cela que, si La Peur, petit chasseur préfigurait bien Le Dernier des fous (univers provincial de cieux lourds et menaçants), celui-ci ne figure pas dans celui-là. Bien au contraire, les deux œuvres divergent tant qu'on n'est pas loin de demander le test de paternité. Là où l'hypnotique La Peur, petit chasseur, inventait, par sa forme (un fascinant plan-séquence fixe et en retrait de l'action, chargé d'une incroyable et paradoxale tension, renforcée par un exemplaire travail sur le son), un espace singulier, tant en accord avec son format qu'avec sa narration, Le Dernier des fous a de tristes airs de reculade stylistique. Achard y récite en effet sagement son petit Bresson illustré, en détachant si bien les syllabes et en s'appliquant tellement à disposer ses indices d'ambiance, qu'il en perd finalement l'ampleur tragico-lyrique qu'atteignait, avec une confondante simplicité, son si beau court. Impossible, pourtant, de nier que quelque chose plane dans l'air du Dernier des fous — une curieuse instabilité, un bouillonnement sous-jacent. Mais Achard semble trop occupé à scruter l'étrangeté (certes avérée, mais après?) dans les yeux du petit Cochelin, pour s'immerger pleinement dans cette atmosphère, à laquelle l'on aspire ainsi vainement, une heure trente-six durant.

par Guillaume Massart

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