Vie nouvelle (La)

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Vie nouvelle (La)
France, 2002
De Philippe Grandrieux
Scénario : Philippe Grandrieux, Eric Vuillard
Avec : Marc Barbé, Raoul Dantec, Zach Knighton, Anna Mouglalis, Zsolt Nagy
Durée : 1h42
Sortie : 27/11/2002

Note FilmDeCulte :

Seymour et Roscoe arrivent dans une ville d’Europe de l’Est pour négocier l’achat d’hommes et de femmes. Le soir, dans un hôtel de passe, Seymour est envoûté par une jeune prostituée, Mélania.

DE BRUIT ET DE FUREUR

Après le dérangeant et fulgurant Sombre, Philippe Grandrieux continue d’explorer la face obscure de l’âme humaine. Il retrouve son acteur fétiche, Marc Barbé, méconnaissable en trafiquant d’hommes, et pousse l’expérimentation formelle jusqu’à son paroxysme. La Vie nouvelle est un choc tellurique, un fracas d’images et de sons, une débauche de visages et de cris. Une expérimentation formelle qui laisse le spectateur à bout de force. Plasticien du malaise contemporain, fasciné par le conte de fées et ses variations modernes, le cinéaste livre une œuvre solaire, plus physique que cérébrale, dénuée de tout propos moral ou humaniste. Philippe Grandrieux distord l’image, travaille directement la pellicule et sature la bande-son de bruits industriels et de grondements humains. Sur l’écran, il convoque Dante, Rembrandt et Bacon pour une expérience sensorielle traumatisante. Chaos furieux, frénétique jusqu’à l’écœurement, La Vie nouvelle est un film sans concession, traversé de lumineuses idées de cinéma: des plans d’une beauté inouïe qui contrastent avec la sordide intrigue minimaliste.

LES ECORCHES VIFS

Dès les premiers plans nocturnes, Philippe Grandrieux capte l’indicible. Surgis de nulle part, tels des fantômes d'une Europe de l'Est agonisante, des hommes et des femmes se tiennent immobiles dans la pénombre. Instant mystique: la caméra fixe un à un les visages, avant de choisir les candidats à cette fameuse vie nouvelle. Commence alors l’enfer. Marchand d’esclaves du nouveau millénaire, Boyan transforme Mélania en poupée de chair et de sang après un terrifiant rite initiatique. Les cheveux arrachés lors d’une scène choc filmée comme un viol, elle est dépossédée de toute personnalité, prête à être jetée en pâture aux prédateurs assoiffés de sexe. L’amour est mort. Hommes et chiens se confondent dans une même bestialité. A la dérive, le trop sensible Seymour navigue entre rêve et cauchemar, alcool et drogue. Dernier représentant de l’espèce humaine dans ce no man’s land urbain, il s’éprend de la belle Mélania. Malgré les recommandations de son ami/amant Roscoe, il tente de la racheter à son infâme propriétaire. Pour elle, il signe un pacte avec le diable sans espoir de retour. Après Irréversible de Gaspar Noé et

Demonlover d’Olivier Assayas, La Vie nouvelle de Philippe Grandrieux clôt un impressionnant triptyque de faux films de genre qui confirment la vitalité du cinéma français d’auteur.