Le Vent se lève

Le Vent se lève
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Vent se lève (Le)
Kaze Tachinu
Japon, 2013
De Hayao Miyazaki
Scénario : Hayao Miyazaki
Sortie : 22/01/2014
Note FilmDeCulte : ****--
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Inspiré par le fameux concepteur d’avions Giovanni Caproni, Jiro rêve de voler et de dessiner de magnifiques avions. Mais sa mauvaise vue l’empêche de devenir pilote, et il se fait engager dans le département aéronautique d’une importante entreprise d’ingénierie en 1927. Son génie l’impose rapidement comme l’un des plus grands ingénieurs du monde. Le Vent se lève raconte une grande partie de sa vie et dépeint les événements historiques clés qui ont profondément influencé le cours de son existence, dont le séisme de Kanto en 1923, la Grande Dépression, l’épidémie de tuberculose et l’entrée en guerre du Japon. Jiro connaîtra l’amour avec Nahoko et l’amitié avec son collègue Honjo. Inventeur extraordinaire, il fera entrer l’aviation dans une ère nouvelle.

LE DERNIER MAITRE DE L'AIR

Rideau. Hayao Miyazaki, trésor du cinéma mondial, a annoncé lors de la dernière Mostra de Venise que Le Vent se lève serait son dernier film. Comment conclure une telle filmographie, dont l'imaginaire est l'un des plus débridés de toute l'histoire du 7e art ? Par une sorte de pirouette. Ceux qui imaginent que Le Vent se lève s'adressera autant aux enfants que les précédents longs métrages du Japonais se trompent: il s'agit d'un drame sérieux, sans une ombre de yokai à l'horizon. Par "sérieux", on ne sous-entend pas ce qui a pu, assez sottement, être dit à Venise, où le parti-pris réaliste de Miyazaki a parfois été assimilé à un cinéma "enfin adulte" (dans un grand élan aussi pauvre que neuneu de "fantastique = enfants et réalisme = adultes"). Pas besoin d'être un enfant pour être sensible à la poésie, au regard que le cinéaste pose sur le monde dans Totoro, Porco Rosso, Mononoke ou Chihiro. Mais jamais la fantaisie ne s'invite dans Le Vent se lève, le ton est grave, l'Histoire est sombre et regardée les yeux dans les yeux.

"On n'est pas des marchands d'armes, on veut juste faire de bons avions". C'est ce que déclare Jiro, le héros idéaliste du long métrage. Passionné, comme bien des personnages de Miyazaki, par le ciel, ses châteaux perchés, ses avions virevoltants. Jiro rêve de temps en temps mais l'heure n'est plus aux rêveries. Le film laisse amèrement de côté la tragédie qui se prépare avec la complicité involontaire du jeune homme, ingénieur concevant des avions qui seront plus tard utilisés lors de la Seconde Guerre Mondiale. Miyazaki fait le choix de l'anti-spectaculaire, ne montre pas de grands conflits à l'écran, et même lorsqu'il retrace un terrible tremblement de terre, les bruitages de celui-ci sont feutrés, quelques étranges bruits de bouche - l'échelle reste toujours humaine. C'est peut-être aussi la principale limite du long métrage: son héros est extrêmement lisse, et là où l'imaginaire fantastique et la puissance symbolique de ses contes suffisaient à submerger d'émotion, Le Vent se lève est moins poignant, plus froid, malgré son intrigue amoureuse et ce couple qui semble échappé d'un mélo de Naruse.

Il y a pourtant une vraie beauté, aussi, dans Le Vent se lève; beauté plastique évidemment, rayonnante, avec une inventivité formelle intacte, mais aussi la beauté de ces instants suspendus où "le vent se lève", où les personnages devront (sur)vivre et où l'essentiel semble se jouer hors-champ. On ne s'attendait pas à une sortie moins élégante de la part d'un maître comme Miyazaki.

par Nicolas Bardot

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