Valse avec Bachir

Valse avec Bachir
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Valse avec Bachir
Waltz with Bashir
Liban, 2008
De Ari Folman
Scénario : Ari Folman
Durée : 1h27
Sortie : 25/06/2008
Note FilmDeCulte : ******
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Un soir, dans un bar, un vieil ami raconte au réalisateur, Ari Folman, un rêve récurrent qui vient hanter toutes ses nuits et dans lequel il est poursuivi par 26 chiens féroces. Toutes les nuits, le même nombre de chiens. Les deux hommes en concluent qu’il y a certainement un lien avec leur expérience commune dans l’armée israélienne lors de la première guerre du Liban, au début des années 80. Ari est surpris de n’avoir plus aucun souvenir de cette période. Intrigué, il décide de partir à la rencontre de ses anciens camarades de guerre maintenant éparpillés dans le monde entier. Afin de découvrir la vérité sur cette période et sur lui-même. Au fur et à mesure de ses rencontres, Ari plonge alors dans le mystère et sa mémoire commence à être parasitée par des images de plus en plus surréalistes…

SCANNER DARKLY

Vétéran défunt de la seconde guerre mondiale, l’immense réalisateur américain Samuel Fuller expliquait, à la sortie de son long-métrage antimilitariste The Big Red One, qu’il existait deux types de film de guerre, ceux réalisés par des anciens soldats, qui ont vu l’horreur du front et expérimenté au plus près la pire invention de l’humanité, et ceux qui l’imaginent et tentent de la reconstituer. Valse avec Bachir, du réalisateur israélien Ari Folman, fait assurément partie de la première catégorie. Ancien de Tsahal quand il avait vingt ans, l’auteur a vu l’horreur de près, engagé de force dans un conflit dont les contours politico stratégiques lui échappaient alors. Sélective, la mémoire du soldat a oublié l’odeur de la poudre et les morts des bas-côtés pour épouser des visions hallucinatoires, rêves récurrents ou trips musicaux annonciateurs du désastre. Issu de la télévision israélienne engagée et du documentaire, Ari Folman n’apporte de solution toute faite ni l’évident travail de mémoire que doit réaliser son pays, ni à la situation toujours explosive du Liban. Il explore son passé, et témoigne de son impuissance subjective à faire le tri, alors, entre instinct de survie et capacité d’indignation.

JE N'AI RIEN VU DE CHATILA

Le cinéaste a vécu la lâcheté de son armée, devant le massacre de Sabra et Chatila en 1982, mais plutôt que de stigmatiser les dirigeants de son époque, il oppose le choc des images d’archive, d’une violence inouïe, pour que le spectateur comprenne le besoin des anciens troufions de fantasmer leurs souvenirs fragmentés, pour vivre, malgré tout. Il ne juge pas, ne tente pas de se disculper des exactions commises, il raconte. La lâcheté quotidienne, les artefacts de la pensée pour oublier la mort, les massacres perpétrés sous caution israélienne. Le besoin de s’évader sur le front. Pour ce film si personnel, le travail sur la forme était aussi important que le fond. Ari Folman a longtemps cherché comment raconter sa propre expérience sans chercher à reproduire la réalité et surtout sans laisser de côté la psyché du vétéran. Très vite, l’animation s’est imposée à lui, aussi bien pour retranscrire les entretiens avec ses anciens camarades de Tsahal que pour mettre en image ses cauchemars passés. Le résultat est fascinant même si déroutant d’un premier abord. Dans la lignée de Persépolis de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, Ari Folman démontre par A+B, des évocatrices scènes rêvées et des séquences guerrières dans la lignée d’Apocalypse Now que le neuvième art et son dérivé cinématographique ne sont pas réservés aux enfants. On pense à Maus d’Art Spiegelman, à Là où vont nos pères de Shaun Tan, aux BD de Joe Sacco. De sacrées références pour ce magnifique Valse avec Bachir. Son oubli du palmarès du 61e Festival de Cannes est une profonde injustice qu’un succès public permettra d’effacer

par Yannick Vély

En savoir plus

"J’ai été enrôlé dans l’armée avant mes 17 ans. En septembre 1982, j’arrivais à Beyrouth Ouest avec l’armée israélienne, après l’assassinat du président Libanais Bachir Gemayel, le jour de sa nomination. Je quittais Beyrouth Ouest trois jours plus tard, j’étais une toute autre personne, témoin de l’atrocité des massacres des camps de Sabra et de Chatila. Cette histoire est mon histoire, que j’ai décidé de raconter après plus de vingt ans". Ari Folman.

Ovni de la sélection, Waltz with Bashir est l’œuvre de l’Israëlien Ari Folman, qui signe ici son troisième long métrage. Waltz a pour particularité d’être présenté comme un documentaire très autobiographique sur la guerre du Liban, sous forme de… dessin animé. Un an après l’accueil triomphal de Persepolis, Folman peut rêver des plus beaux lauriers.

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