Un jour

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Un jour
One Day
États-Unis, 2011
De Lone Scherfig
Scénario : David Nicholls
Avec : Patricia Clarkson, Anne Hathaway, Jim Sturgess
Photo : Benoît Delhomme
Musique : Rachel Portman
Durée : 1h48
Sortie : 24/08/2011
Note FilmDeCulte : ***---
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Emma et Dexter passent la nuit ensemble après leur soirée de fin d’étude et décident…de rester amis. Lui est insouciant et frivole, elle est bourrée de complexes. Pendant 20 ans, Dexter et Emma vont s’adorer, se séparer, se détester, se manquer… finiront-ils par comprendre qu’ils ne sont jamais aussi heureux que lorsqu’ils sont ensemble ?

NÉS UN 15 JUILLET

Le nom de la réalisatrice danoise Lone Scherfig au générique de cette adaptation d’un best-seller du romancier David Nicholls donnait envie : après la réussite qu’était Une éducation, on pouvait espérer qu’elle allait insuffler à ce projet sentimental une élégance et un style qui en feraient une vraie et belle romance. Malheureusement, malgré un scénario signé par l’auteur lui-même, le film ne réussit jamais à transcender le roman ; pire, en voulant coller de trop près à la trame narrative, il gomme les petits détails qui en faisaient le sel et donne une importance démesurée à ses éléments les plus banals.

Le principe fondateur est le même que celui du roman : il s’agit, année après année, de ne montrer qu’un seul jour de la vie d’Emma et de Dexter : le 15 juillet. Cette construction, dont l’ellipse est le cœur et le moteur, pourrait fonctionner si les scènes montrées étaient assez fortes pour laisser imaginer le reste ; mais ici, tout va tellement vite que l’on a du mal à comprendre ce qui peut se passer dans la vie des personnages. Surtout, et c’est ça le plus grave, on n’arrive pas vraiment à comprendre l’attachement qui les lie. Anne Hathaway, contre toute attente, se sort plutôt bien de son interprétation d’Emma, lui donnant une sensibilité et une vivacité d’esprit qui correspondent au personnage - même si les fans du roman regretteront de ne pas voir assez son côté déterminé, revendicatif, et révolté. On ne peut pas en dire autant de Jim Sturgess, qu’on a connu plus talentueux et plus pétillant. Il faut dire que Dexter est un garçon finalement assez exécrable, mollasson, lâche et sûr de lui, et qui n’a pas un magnétisme suffisant pour expliquer l'amour que lui voue Emma.

Pourtant, les efforts sont là pour faire de Un jour un grand film romantique : noms des acteurs au générique en police cursive, passages obligatoires tels que les mariages, les morts, les baisers, les larmes, les bains de minuit, la question récurrente de l’amitié possible entre un homme et une femme, le cours du temps face à des rencontres a priori éphémères… Ces motifs convoquent tout de suite d’autres souvenirs de spectateur : Quand Harry rencontre Sally bien sûr, mais si le film de Rob Reiner choisissait aussi l’ellipse et le temps qui passe, les retrouvailles des deux personnages ne se passaient jamais hors champ, et on y participait pleinement. On pense aussi au diptyque des Before… de Richard Linklater ; on peut même avancer que la partie parisienne de Un jour est largement influencée par le final de Before Sunset. Mais là encore, on est loin du bourdonnement émotionnel, de l’humour et de la sensualité qui émanaient de ces films-là.

Ici, hélas, rien ne prend suffisamment d’ampleur pour pouvoir bouleverser le spectateur ou même le toucher vraiment. Les personnages secondaires, dont le temps de présence à l’écran est encore plus réduit que celui des protagonistes, deviennent caricaturaux, comme Ian, le petit copain affreusement médiocre, ou Sylvie, la belle épouse forcément cruelle. La force de la narration, qui devrait s’appuyer sur les ellipses pour mettre en valeur le temps qui passe, ne laisse que quelques changements en surface : les personnages changent de coiffure, de lunettes, grisonnent un peu. Mais la peau est la même, la profondeur des regards n’a pas changé – même si Anne Hathaway et son visage particulier se prêtent peut-être mieux à la métamorphose. Même la mise en scène peine à être autre chose qu’illustrative. Restera toujours le phénomène d’identification ; David Nicholls a écrit ses personnages de façon assez universelle pour qu’un nombre minimal de spectateurs (spectatrices surtout ?) se retrouve en eux et adhère au film, qui leur tend un miroir de leur propre évolution sentimentale et professionnelle. Malheureusement, on espérait davantage de cette adaptation d’un roman sympathique et attachant. La vraie idée aurait été d’en faire une mini-série, avec un épisode par « 15 juillet »… Moins rentable, probablement.

par Anne Mourand-Sarrazin

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