Un Week-end en famille

Un Week-end en famille
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Un Week-end en famille
Was bleibt
Allemagne, 2012
De Hans-Christian Schmid
Scénario : Hans-Christian Schmid
Avec : Lars Eidinger
Photo : Bogumil Godfrejow
Musique : The Notwist
Durée : 1h24
Sortie : 30/01/2013
Note FilmDeCulte : ****--
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Marko vit à Berlin et ne rend que rarement visite à sa famille installée dans les environs de Bonn. Venu passer un weekend chez eux avec son jeune fils, il retrouve Günter, son père arrogant, Jakob, son frère aîné resté auprès des parents dont il dépend financièrement, et Gitte, sa mère bipolaire. A la surprise de tous, Gitte annonce sa décision d’arrêter son traitement médical. Elle semble aussi en avoir assez d’être en permanence observée par les siens, qui guettent les moindres signes de son instabilité et d’une nouvelle crise…

MAMAN EN A MARRE

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Hans-Christian Schmid n’a pas peur de l’éclectisme, quitte à perdre ses spectateurs. Après s’être frotté avec succès au fantastique minimaliste (Requiem) et le thriller politique et féministe (La Révélation), le voici pour son dernier long métrage sur le terrain a priori convenu de la chronique familiale douce-amère. On retrouve dans ces scènes familiales le talent scénaristique de Schmid, qui se traduit avant tout par une subtilité bienvenue. Par exemple dans cette manière d’abandonner rapidement la place centrale accordée au fils ainé, et de poursuivre son récit sans protagoniste précis, sans pour autant tomber des les clichés du film choral. Cela lui permet d’imposer progressivement à chaque scène une dynamique moins convenue qu’il n’y parait, et de mettre au même niveau l’attitude de chaque personnage : la nonchalance suspecte d’un des fils, la bonhomie à toute épreuve d’un autre…

Car malgré une certaine légèreté Un Weekend en famille parle de choses sombres, mais parvient surtout à parler de violence sans jamais montrer de scènes violentes. Si la famille reste soudée, c’est aussi parce que chacun refuse de voir la fuite en avant de l’autre, que tous refusent d’admettre que l’héritage affectif ou financier puisse être vécu comme un fardeau. Et c’est là que l’on retrouve la subtilité du scénario: dans sa manière d’éviter le jeu de massacre hystérique ou le portrait glacé psychologisant, où chaque personnage resterait soucieux derrière une vitre. Un weekend en famille est au contraire un film où il y a de la vie et des nuances, comme dans cette scène casse-gueule ou tout le monde se met à chanter autour du piano familial. Une scène susceptible de basculer dans les clichés mélos, mais ici menée avec suffisamment de finesse pour la rendre réaliste, c'est-à-dire à la fois amère et émouvante.

Puis dans sa deuxième partie, le film change. A mesure qu’il se recentre sur la relation mère/fils, la caméra quitte la maison familiale pour partir à l’aventure. Un étrange événement vient mettre en lumière ce qui était jusqu’ici sous-entendu, et c'est paradoxalement en cherchant à rajouter du mystère (et donc de la tension) qu'Un Weekend en famille perd un peu de son sel. Ce mystère là, ce trouble, au fond on l’a déjà vu ailleurs. Surtout quand on suit la nouvelle génération de cinéastes allemands. En voulant donner à son récit un déroulement ambigu, Schmid finit par perdre de sa subtilité, mais c’est aussi la preuve que la première partie du film, toute familière qu’elle semblait, ne manquait pas déjà d’une certaine tension.

par Gregory Coutaut

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