Tristan

Tristan
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Tristan
France, 2003
De Philippe Harel
Scénario : Olivier Dazat
Avec : Aina Cartianu, Daniel Cohen, Nicole Garcia, Jean-Louis Loca, Mathilde Seigner
Durée : 1h40
Sortie : 30/04/2003
Note FilmDeCulte : *****-

Emmanuelle est commissaire de police. Un vrai garçon manqué, cette fliquette qui impressionne ses collègues par sa volonté. Kostadinov et consorts, les proxos bulgares, n’ont qu’à bien se tenir. Sauf qu’Emmanuelle se désintéresse peu à peu d’eux pour une autre affaire. Des filles apparemment équilibrées se suicident après avoir fait la rencontre d’un type romantique qui leur a offert un exemplaire de Tristan et Iseult.

Philippe Harel est un cinéaste qui ne se cantonne pas à un genre unique, passant tranquillement de la chronique dépressive (Extension du domaine de la lutte) à la comédie obsessionnelle (Le Vélo de Ghislain Lambert). Et pourtant, tous ses films ont un même dénominateur commun: un univers personnel désabusé et finalement absurde qui lui est propre. Tristan, première incursion du réalisateur dans le genre policier, n’échappe pas à la règle. Au-delà du scénario et du renversement final au fond assez anecdotique, il y a la description d’un monde dans lequel les gens se croisent mais ne se voient pas, se parlent mais ne communiquent pas. Peu à peu, prenant le pas sur des tribulations par moments cocasses, il y a le poids de la solitude de l’héroïne qui prend toute la place. Emmanuelle et les hommes, Emmanuelle et ses parents. Mathilde Seigner, dans son plus beau rôle, est très convaincante dans l’incarnation d’un personnage qui a priori lui ressemble, mais qui utilise le plus souvent toute son énergie dans le vide.

Une atmosphère de désespérance se crée ainsi peu à peu, empêchant le film de sombrer dans le ridicule malgré certaines scènes décalées (notamment celles avec Nicole Garcia). L’enquête que l’on suit sert en fait de psychanalyse. Et dans cet univers, le cinéaste lui-même s’est donné une petite place. On ne peut en effet s’empêcher de voir en Cadoret, le placide collègue d’Emmanuelle, interprété par l’excellent Jean-Jacques Vanier, le double de Philippe Harel. La place donnée au blues jazzy de Michel Jonasz dans le film n’est pas la moindre des contributions à la couleur grise de Tristan. Une forme de blues populaire derrière lequel on sent une forte interrogation sur le sens de la vie, et qu’on retrouve en toile de fond de tous les films du cinéaste. Car au fond, ce titre de Tristan ne fait que rappeler le qualificatif le plus évident de la vie des héros haréliens: triste.

par Yannick Vély

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