Transformers 3

Transformers 3
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Transformers 3
Transformers : The Dark of the Moon
États-Unis, 2010
De Michael Bay
Scénario : Ehren Kruger
Avec : Josh Duhamel, Tyrese Gibson, Shia LaBeouf, John Malkovich, Frances McDormand, John Turturro
Photo : Amir M. Mokri
Musique : Steve Jablonsky
Sortie : 29/06/2011
Note FilmDeCulte : ****--
  • Transformers 3
  • Transformers 3
  • Transformers 3

Un événement mystérieux lié à notre passé éclate au grand jour. C’est la guerre qui menace aujourd’hui notre Terre ; une guerre d’une telle ampleur que l’aide des Transformers pourrait, cette fois, ne pas suffire à nous sauver.

LE RÉALISATEUR DE PAVLOV

Au vu du résultat proposé par ce troisième volet de la franchise, on en vient à se demander pourquoi Michael Bay semble ne répondre qu'à une partie du stimuli communiqué par le spectateur après chaque épisode. Quand on assiste aux efforts déployés sur les diverses parties qui composent le film, on peut dénoter une évidence : vraisemblablement, seuls les robots intéressent le metteur en scène. Ce que ce dernier ne semble pas avoir compris, c'est qu'au sein du public - inévitablement divisé en deux camps par les films de l'auteur, et encore plus par ses trois derniers films - les amateurs vous diront qu'eux aussi, seuls les robots les intéressent. Là réside la principale raison pour laquelle nous nous déplaçons en salles à l'occasion du dernier chapitre d'une saga baptisée Transformers, toutes ces séquences avec des robots. Des robots qui se transforment, des robots qui se foutent sur la gueule, des robots qui volent, etc. Face à l'évolution entre chaque tome de la trilogie, s'il y a bien un domaine sur lequel le réalisateur et son équipe n'ont cessé de s'améliorer, c'est tout ce qui tourne autour des robots, à commencer par la caméra. Les effets spéciaux étaient déjà parfaits dans le premier, le design était à tomber, et après un deuxième épisode qui venait corriger l'un des défauts du précédent, à savoir une mise en scène parfois confuse de l'action, ce troisième volet parvient à enterrer les morceaux de bravoure des deux précédents. Là-dessus, y a pas de doute, il a compris. Ce que Michael Bay n'a pas compris, c'est qu'on en a un peu rien à foutre du reste. On ne vient pas voir des scènes de comédie facile en roue libre. On vient pas voir des scènes d'exposition à rallonge. Ces excès resteront à jamais le problème de cette licence, ce trop-plein de tout (personnages secondaires, humour hors sujet, fausse complexité de l'intrigue), quelque part entre calibrage et générosité, qui rend le temps de plus en plus long entre chaque scène d'action. A l'instar du précédent opus, Transformers 3 est un film qui souffre d'un déséquilibre flagrant entre tout ce qui fait son intérêt, un sens unique de la grandeur dans la mise en scène de l'action, et tout ce qui fait son handicap, la décadence de l'auto-indulgence.

BLAGUE HAWK DOWN

Malgré ses défauts, le premier film de la série parvenait à mieux gérer l'alternance entre la comédie et l'action. Même s'il témoignait déjà de digressions et des personnages inutiles (par exemple, l'aller-retour superflu de l'intrigue qui s'articule autour du personnage complètement dispensable du gros hacker joué par le comique black Anthony Anderson), jamais le récit ne s'interrompait pour une durée apparemment interminable en ne se focalisant que sur un seul aspect du film, humour ou intrigue, comme c'était le cas dans la suite (inénarrable scène à la fac, avec la mère post-ingestion de space cakes, et le coloc relou), résultant en une absence totale d'action pendant 45 minutes dans le deuxième acte. Deux ans et moults réprimandes plus tard, Bay et son scénariste Ehren Kruger font les mêmes erreurs, à peu de choses près. Si l'humour, qui s'appuie encore une fois sur des acteurs coenien (Frances McDormand, John Malkovich, John Turturro) ou de la nouvelle génération (Ken Jeong), est un peu moins bas de plafond cette fois, il demeure néanmoins toujours aussi superflu (l'inclusion du personnage de Malkovich dans certaines scènes relève du non-sens absolu). Pareillement, l'intrigue est plus intéressante que la dernière fois, étendant une fois de plus la mythologie de cet univers, mais les longues plages d'exposition ne s'imposaient pas. Résultat des courses, le film fait 2h37. Cependant, sur ces 2h37, il y a bien 1h30 qui tue. A commencer par l'excellente introduction, qui donne le ton, avec un ancrage historique qui lie l'Histoire des Transformers et celle des humains, le tout traité de manière sérieuse, osant carrément le space opera à la Star Wars avant d'embrayer sur des images iconiques de décollage de fusée et de peuple uni sur un discours du Président, à la Armageddon, pour enfin virer dans du thriller SF. Les scènes d'ouverture de chaque film de la trilogie gagnent en ampleur à chaque fois et l'ancrage historique est rendu encore plus puissant ici que pour le précédent. Si tout le film avait été du même acabit, Transformers 3 serait brillant en son genre.

BAY SAUVAGE

Et Michael Bay ne saurait se contenter d'un seul genre. Il est assez remarquable de voir comment la trilogie, tout en baignant dans des genres communs aux trois films (science-fiction, film-catastrophe, kaiju), parvient à se positionner dans un genre dominant différent à chaque fois. Le premier adoptait une approche typique des productions Amblin à la E.T. (un ado et sa première voiture, le merveilleux de la découverte des Autobots) qui y est pour beaucoup dans la pérennité du film. Sans parler d'émotion, le film a du cœur, et l'humour s'intégrait mieux dans le récit de par l'âge du protagoniste. Cela fait le charme du film et c'est ça qui fait qu'il tient encore le coup malgré ses défauts (comme l'action parfois confuse). Le second abandonnait cette approche au profit du monomythe campbellien dépouillé avec sa dimension épique (intrigue internationale, climax sur la pyramide de Gizeh) et son aventure à la Indiana Jones (la quête du McGuffin dans le deuxième acte). Dans cette surenchère, l'univers gagnait en richesse et le film en ampleur ce qu'il perdait en charme. Et c'est ça qui fait qu'il vieillit mal malgré ses qualités (comme l'action très réussie). Le troisième troque tout ça pour un mélange passant du film de complot aux accents de Guerre Froide (la course à l'espace, la centrale en Ukraine, la traque des survivants par des robots) au film d'horreur (épatante scène avec Laserbeak, le Decepticon ailé, dans la maison, violente dans les faits et atypique dans le montage) et enfin au film de guerre urbaine (l'heure finale jouissive à la Black Hawk Down). Le côté sombre et une photographie souvent froide confèrent à l'œuvre une identité qui changent des deux précédents volets.

L'AVENTURIER DE LA TROISIÈME DIMENSION

L'autre nouveauté de ce troisième essai, c'est la 3D. Pour tous ceux qui ont été appâtés par la 3D de La Légende de Beowulf et Avatar avant d'être déçus par les blockbusters convertis en 3D qui ont suivi, ce film devrait répondre à toutes leurs attentes. Quelque part, Michael Bay tournait déjà en 3D. Depuis ses débuts, il fait montre d'un sens de la composition du cadre et du mouvement de la caméra qui maximise le dynamisme. Tous ces travellings amples qui placent le sujet ou l'objet toujours au centre du cadre, net, mais en passant derrière tel ou tel élément de décor, donnent naissance à une image en plusieurs strates (un lampadaire au premier plan, un robot au deuxième plan, un immeuble en arrière-plan) qui se retrouve alors surchargée en énergie kinétique. Cette impression de vitesse de l'action et de richesse de l'environnement que beaucoup trouvent confuse, brouillonne, c'est sa marque de fabrique. Ce n'est pas pour rien si son plan-signature est un travelling circulaire ascendant sur un personnage (ou deux, c'est encore mieux) en train de se relever au ralenti. Il a beau y avoir résisté un moment, la 3D était faite pour lui. D'autant plus qu'elle oblige le réalisateur a chorégraphier encore plus soigneusement l'action, prenant du recul sur le sujet, distinguant par couleurs les différentes strates, laissant les plans durer, etc. C'est d'une lisibilité et pourtant d'un dynamisme assez exemplaires. Et quand au milieu de tout ça, il glisse un ralenti sur une transformation inédite, alors là c'est tout bonnement jubilatoire. Il a beau nous refaire une course-poursuite sur l'autoroute (comme dans les deux Bad Boys ou The Island), il ne se repose pas pour autant sur ses lauriers, multipliant les idées de transformations, de confrontations, et d'iconisations (qui va se transformer où et comment afin d'éviter quoi et sous quel angle). Personne ne fait ça comme lui. PERSONNE.

ONLY YOU

Michael Bay est parmi les seuls réalisateurs dont les films donnent à chaque fois l'impression de ne jamais avoir vu ça. Et le bonhomme s'améliore de film en film dans sa partie, dans ce qu'il fait le mieux, à savoir la mise en scène de l'action. Prenons par exemple ce climax qui dure près d'une heure. Il a l'intelligence cette fois-ci de construire l'action en micro-séquences, contrairement au climax d'une heure du deuxième film, où le montage alterné entre les différents combats menés par les personnages était frénétique et où chaque affront été réglé en quelques minutes. Ici, il prend davantage son temps, et ça n'en est que plus jouissif. Nous citerons la scène dans l'immeuble penché, qui passe du suspense à la Jurassic Park, à du film-catastrophe façon Tremblement de terre, pour exploser dans un final entre SF, kaiju et film de super-héros. Époustouflant. Et au milieu de ça, restent des conneries de raccourcis scénaristiques comme le fait qu'Optimus reste coincé dans des filins desquels on met 20 minutes à le sortir parce qu'évidemment, dès qu'il intervient pour se battre, la situation est vite réglée. C'est ça qui est dommage. Michael Bay n'est pas un scénariste mais il a plusieurs fois précisé en interview qu'il écrivait ses scènes d'action. Il décrit le film comme "Black Hawk Down avec des aliens", mais ça c'est seulement la dernière heure et pour arriver à ce concept alléchant, il faut 1h30 de blablagues avec quelques scènes d'action, au demeurant géniales, parsemées de ci de là. Il y a quelques années, un internaute est devenu célèbre pour avoir remonté La Menace Fantôme en zappant tous les éléments superflus ou nuls (presque tout Jar-Jar ou les âneries du genre "il y a toujours un plus gros poisson", etc.). Les trois Transformers se prêtent plus que jamais à cet exercice. Ainsi obtiendrait-on un film d'action bourrin épuré qui assumerait encore plus son parti-pris décomplexé (parce qu'encore une fois, ça l'est, comme le prouve la réplique "comme dans un mauvais film de SF" ou le premier plan post-générique épousant en 3D le fessier de la remplaçante british et blonde de Megan Fox, qui témoignent d'un film toujours conscient de lui-même). Peut-être y aura-t-on droit maintenant qu'il en a fini avec cette série, mais en l'état, on se contentera d'apprécier dans ce troisième volet toujours aussi imparfait tout ce qui est signé à 200% Michael Bay, ce monde où toutes les femmes sont des canons, où tous les blacks sont comiques et où les placements de produits se font en mode "pas de race". Une réalité tantôt suspendue tantôt augmentée, où le bon goût et le bon sens sont sacrifiés en l'honneur du spectacle le plus ébouriffant possible. En un mot, unique.

par Robert Hospyan

Commentaires

Partenaires