Tetsuo, The Bullet Man

Tetsuo, The Bullet Man
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Tetsuo, The Bullet Man
Japon, 2010
De Shinya Tsukamoto
Scénario : Shinya Tsukamoto
Avec : Eric Bossick, Shinya Tsukamoto
Photo : Shinya Tsukamoto
Musique : Chu Ishikawa, Trent Reznor
Durée : 1h11
Note FilmDeCulte : ****--
  • Tetsuo, The Bullet Man
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Né de père américain et de mère japonaise, Anthony vit à Tokyo avec sa femme Yuriko et leur petit garçon Tom. Depuis que sa mère est décédée d’un cancer, son père, qui travaille dans le milieu scientifique, leur fait subir, à lui et son fils, un examen médical mensuel. Un jour, en rentrant à la maison, Tom est renversé par un chauffard. Dévastée, Yuriko sombre dans la folie pendant qu’Anthony, rongé par la douleur, se transforme peu à peu en masse métallique terrifiante.

TSUKAMOTO 3.0

Tetsuo, premier du nom, est né il y a déjà plus de vingt ans, à l'aurore des années 80, une œuvre culte qui a connu une suite, en 1992, dont le seul intérêt était d'être plus luxueuse. Ce Tetsuo, The Bullet Man sonne comme un retour aux sources pour un cinéaste qui, depuis, a fait bien du chemin. Une route qui ne croise d'ailleurs plus celle des salles françaises depuis dix ans: après son fascinant Gemini en 1999, plus aucun long métrage du cinéaste japonais n'est sorti chez nous. Tetsuo, The Bullet Man est la preuve que Tsukamoto ne s'est ni endormi sur ses lauriers, ni embourgeoisé, mais reste animé par la même rage cyberpunk via ce furieux exercice de style (qui est aussi sa limite), cauchemar de ferraille qui pourrait bien n'être qu'un long clip abstrait de métal hurlant dans une mégalopole d'acier. Dans le premier Tetsuo, un bureaucrate, contaminé par la ville, mutait en une machine infernale, dans un Tokyo halluciné. Vingt ans plus tard, Tokyo est froid comme la mort, ses métro ondulent comme des serpents de fer. Anthony, beau comme un mannequin, lunettes sérieuses et costume cintré, sombre dans un abîme suite à un drame personnel. La bête, cette fois, est déjà en lui et ne demande qu'à sortir. Il devient à la fois machine (le bullet man du titre) et monstre (parce qu'impensable, mécanique et organique, mutant), une arme faisant corps avec la ville comme dans une espèce de grand tremblement de terre de 70 minutes. Tsukamoto, à partir d'un argument plus mélodramatique, pousse jusqu'à l'abstraction ce ride de son et lumières, un magma duquel s'échappent quelques visions saisissantes, comme cette destruction de la ville, instant de chaos calme dans la tempête, à l'image du score final à la fois noisy et majestueux composé par Nine Inch Nails. A chaque Tetsuo sa peau: noir & blanc et usage de stop motion pour le premier, couleurs pour le second, numérique pour le troisième. La mutation esthétique du cinéaste n'en est peut-être pas à son dernier souffle.

par Nicolas Bardot

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