Taxi 3

Taxi 3
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Emilien doit appréhender un gang de pères Noël se déplaçant sur rollers. Il demande de l’aide à son ami chauffeur de taxi, lui-même déjà aux prises avec sa petite amie enceinte.

Que reste t-il à dire d’un film pareil, troisième opus d’une trilogie qui repousse loin, très loin les frontières connues de la nullité filmique? C’est à cette question malheureusement que tout critique normalement constitué se trouve confronté lorsqu’il a pour mission de parler d’un tel échec. C’est qu’il en faut, du courage, pour passer outre l’envie perverse d’enfouir l’heure trente d’images catastrophiques que l’on a vues, au plus profond de sa mémoire, aux côtés des souvenirs les plus honteux et des quelques autres productions du nabab français le plus malhonnête de la décennie. Taxi 3, c’est en gros Taxi 2, mais en pire. Un exploit en somme puisque celui ci était déjà une version light et périmée du numéro 1 de la sinistre série. Mais aux récits relativement linéaires des deux précédents épisodes, ce dernier opus préfère cette fois une construction éclatée sur plusieurs personnages, renforçant encore un peu plus l’aspect brouillon de l’ensemble. Le film passe donc de l’un à l’autre des protagonistes, tentant vainement de nous intéresser aux mésaventures des deux comparses, de leur compagne enceinte, du commissaire Gibert, de son adjoint lèche-bottes (pauvre Edouard Montoute, qui passe de Femme fatale à cette chose informe), et d’une pauvre actrice chinoise, dont l’accent caricatural et la connerie profonde sont principalement là pour remplir le quota de stéréotypes d’usage. Au hasard des pérégrinations de ces personnages, le film tente de nous faire sourire en se focalisant sur le pauvre destin des quidams constatant sans cesse la destruction de leur environnement, par le taxi, par les flics, par une grosse 4x4… Gags redondants, interchangeables, et provenant probablement de fonds de tiroir.

Le problème d’un film comme Taxi 3, c’est qu’il cumule tous les défauts. Le scénario, qui, comme on l’a vu, part déjà dans tous les sens, trouve en plus le moyen de prendre l’eau de partout tellement il est pété d’incohérences et d’invraisemblances. Contenant bien entendu son lot de stéréotypes sur les flics, les noirs, les Marseillais, les Chinois, il pédale régulièrement dans la semoule en voulant en faire trop. Les situations sont ainsi rarement crédibles, même pour une comédie supposée délirante (ce que le produit final n’est de toute façon pas), et la majorité du film renvoie plutôt au comique de situation sarcelloise de la série H, qu’à celui d’un divertissement honnête. Les actrices déballent leur texte avec un prompteur sous les yeux comme de vulgaires speakerines de FR3-Lorraine, sans trop y croire elles même. Marion Cotillard livre une performance survoltée du niveau de celles oubliables qu’elle nous a déjà infligés par le passé, et Emma Sjoberg mériterait que l’on se cotise pour des cours de diction, en plus de ceux de comédienne. Surnageant au milieu d’un script qui fait de toute façon la part belle à des mâles crétins qui s’en sortent à peine mieux, elles concourent pour le prix de la potiche de l’année. Reste que malheureusement, le tout n’est même pas drôle, les scènes d’action sont molles malgré un découpage charcuté à l’extrême, le final oublie de faire monter une éventuelle tension, et l’on a peine à voir un acteur de la trempe de Sylvester Stallone (celui des Rocky, des Rambo, de Copland, etc.) se fourvoyer dans une apparition éclair au début du film, apparition que le scénariste, putassier à l’extrême, ne parvient même pas à insérer correctement et avec cohérence. A ce stade là, est-il franchement utile d’aller plus loin?

par Anthony Sitruk

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