Superstar

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Superstar
France, 2011
De Xavier Giannoli
Scénario : Xavier Giannoli
Avec : Kad Merad, Cécile de France, Louis-Do de Lencquesaing
Photo : Christophe Beaucarne
Musique : Mathieu Blanc-Francard
Durée : 1h52
Sortie : 29/08/2012
Note FilmDeCulte : ------
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Un anonyme devient soudain extraordinairement célèbre, sans comprendre pourquoi.

L'AFFAIRE MERAD

"Pourquoi?" A l'instar du protagoniste, c'est la question que l'on se pose fréquemment tout le long du film. Pourquoi forcer le trait à ce point? Pourquoi les points d'interrogation sur les miroirs, détail pas crédible pour un sou? Pourquoi ce personnage de travesti dans son propre rôle? Pourquoi les trisomiques? Pourquoi ce cri ridicule, repris en montage insupportable juste après avec la musique de True Romance, PUIS SUR LE TITRE QUI S'INSCRIT A LA FIN? Il y a une différence entre satire et grosse caricature crasse. Pour le point de départ, on arrive à faire le saut de foi, avec cette première scène quasi-kafkaïenne dans le métro où Kad est soudain entouré, assailli de gens qui le photographient avec leurs smartphones avant de prendre la fuite. Le souci, c'est que cette séquence est répétée à l'identique trois fois dans le film. Kad arrive quelque part. Il est vu. Il est vite encerclé. Il fuit. C'est très répétitif. Pendant près d'une heure, le film fait du surplace. Globalement, on a le droit à une ou deux scènes où, alors que le spectateur a déjà compris le principe, les personnages perdent du temps à repitcher le concept (Cécile de France à son équipe, le présentateur sur son plateau). Pourquoi? Pour le valider? Pour souligner? Que dit-on, pour SURligner! Stabiloter! C'est le gros problème du film, tout est mis en majuscules et en gras tout le long, des intentions aux motivations aux thématiques, presque toujours récitées par les personnages (De France qui explique à Kad pourquoi elle est journaliste, ou la facilité du psy qu'on invite sur le plateau pour expliciter absolument TOUT) et le semblant de réalité (on ne parle même pas de "réalisme") est complètement perdu face à des séquences comme celle du supermarché, qu'il s'agisse de la première (avec les gros pastiches de beaufs qui interpellent Kad) ou de la seconde, ou plutôt ce qu'elle engendre (un petit coup de caméra de sécurité et tout serait réglé).

On ne voudrait pas non plus pinailler bêtement sur le réalisme d'un film qui part d'un postulat volontairement absurde, mais jamais on ne croit aux réactions des personnages, certainement pas les deux principaux. Tel que le personnage de Kad nous est présenté, il aurait en toute logique migré ailleurs depuis longtemps pour éviter tout ce qui lui arrive, pas comme s'il avait une carrière qui lui imposait de rester à Paris à tout prix. Et, oui, des femmes qui restent avec des hommes horribles, ça existe évidemment, mais une fois de plus, on a du mal à croire à l'indulgence du personnage de Cécile de France envers son patron de mec (qui est forcément marié et méchant, parce que sinon ce serait trop subtil). Une sous-intrigue d'ailleurs totalement inutile. On a souvent l'impression que Giannoli se sert de son parti-pris simili-fantastique pour justifier chaque partage en couille du scénario (le trip "on lance des chaussures", à la limite, de la part d'un stade de jeunes, on l'accepte, mais par des journalistes en conférence de presse, c'est d'un lourdaud). On comprend le procédé visant à accélérer le processus de la starification puis de la détestation par le public, mais comme le reste, la peinture est trop grossière, trop pataude. Le faux Morandini, le rappeur, le trav, les trisos, la boîte de strip, n'en jetez plus... Le film ne sait plus quoi inventer pour exploiter son délire. Et le pire, c'est que c'est interminable. On voudrait énumérer chaque choix aberrant de Giannoli, tant ils sont consternants. Au départ poussif mais relativement inoffensif, plus le récit progresse, plus Superstar se vautre, se complaît dans sa supercherie. Formellement, c'est vraiment soigné, dynamique, mais dans le fond, on a vu des parodies des Inconnus beaucoup plus fines que ce film.

par Robert Hospyan

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