Spring Breakers

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Spring Breakers
États-Unis, 2011
De Harmony Korine
Avec : James Franco, Selena Gomez, Vanessa Hudgens, Harmony Korine
Photo : Benoît Debie
Musique : Cliff Martinez
Durée : 1h34
Sortie : 06/03/2013
Note FilmDeCulte : *****-
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Pour financer leur Spring Break, quatre filles aussi fauchées que sexy décident de braquer un fast-food. Et ce n’est que le début…

I'M MISS AMERICAN DREAM SINCE I WAS 17

Spring Breakers débute et on a l'impression de s'être trompé de salle de cinéma: nibards en veux-tu en voilà, éjaculations de bière, effervescence de beaufs et poufs, gros son dans l'eau bleu, s'agit-il d'une projection du Piranhas d'Alexandre Aja ? Harmony Korine filme ensuite ses héroïnes dans leur vie de tous les jours. Elles sont là, végètent à la fac, poireautent à l'église, mais sont déjà ailleurs. Le rayonnement des écrans d'ordinateur dans l'amphi et la lumière à travers les vitraux de l'église sont comme des néons de boite de nuit dans ce film dégueulant de couleurs (photo splendide du toujours génial Benoit Debie, qui rappelle les explosions chromatiques du Tokyo halluciné de Enter the Void). L'envers de l'Amérique était déjà le décor favori des précédents films du réalisateur. Le défouloir orgiaque du spring break, sorte de parenthèse enchantée pour jeunes adultes se livrant à tous les excès qu'ils s'interdisent plus ou moins chez eux, a tout naturellement attiré Korine. Pour en dire quoi ?

Spring Breakers, c'est d'abord un art aiguisé du casting. Ce n'est pas pour rien que Korine choisit Selena Gomez ou Vanessa Hudgens pour jouer les délurées en bikini de son long métrage. D'abord, d'un strict point de vue cynisme et gros sous, il s'agit d'un sacré coup: des it-girls chez un cinéaste totalement à la marge et sur la pente descendante. Beaucoup de magazines et de sites n'auraient pas dédié leurs unes à un film d'Harmony Korine s'il n'y avait pas ces starlettes à moitié dénudées. Mais, qu'on le veuille ou non, Selena Gomez et Vanessa Hudgens drainent quelque chose. Gomez incarne comme personne la poupée vertueuse et über-aseptisée dans des sitcoms qui sont à la vie ce que le plastique des Barbie est à la chair humaine. Hudgens en est une version évoluée, sortie du même moule (les multiples High School Musical) pour se trimballer ensuite totalement nue et en full frontal sur internet. Korine les emploie non pas par opportunisme (ou pas seulement), mais parce que ce qu'elles sont remplissent un creux dans Spring Breakers, offrant ainsi une double-lecture.

L'eau est belle mais les requins rôdent. Les poupées de Spring Breakers rêvent de mettre la vie sur pause. Sont indifférentes au monde, voient l'existence comme un video game de Lana del Rey, à l'image des caïds qui se rêvent dans leur version à eux de Scarface. Des jeunes gens qui se perdent dans un rêve américain cheap et qui ne va pas plus loin que l'idéal morbide de mannequins à moitié à poil d'une pub Calvin Klein. Les scènes s'enchainent et se répètent, les couleurs jaillissent, mais il y a quelque chose de pourri qui flotte dans la mer bleue. L'image en devient, de temps à autre, anamorphosée, sous l'effet des stupéfiants ou simplement parce que ce qui se passe n'est pas si sexy et sans conséquence. Aussi futile que peut paraître cette escapade, celle-ci traduit un mal-être tout à fait actuel, une absence totale de sens.

Spring Breakers et ses héroïnes de guerilla en cagoule rose ont trouvé leur pasionaria: Britney Spears. Le modèle de fiancée de l'Amérique avalée par un gouffre, l'ado mignonne qui déjà dans son premier single voulait qu'on la secoue, une white trash malgré tout qui a eu droit à ses gros plans de vulve, dont les médias guettaient, un seau de popcorn dans les bras, le game over ou le suicide il y a quelques années. Harmony Korine a tout compris de cette icône désenchantée en projetant ses petites Britney dans cet espace périlleux où le frivole absolu (qu'y a t-il de plus frivole et plus-cheesy-tu-meurs qu'une ballade triste chantée par Britney Spears ?) s'échappe de la parodie pour être une vraie séquence dramatique. Spring Breakers s'achève à la renverse ainsi que ses anti-héroïnes voient leur triste monde, bariolé de taches fluo.

par Nicolas Bardot

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