Source Code

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Source Code
États-Unis, 2010
De Duncan Jones
Scénario : Ben Ripley
Avec : Vera Farmiga, Jake Gyllenhaal, Michelle Monaghan
Photo : Don Burgess
Musique : Clint Mansell
Durée : 1h33
Sortie : 20/04/2011
Note FilmDeCulte : ****--
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Colter Stevens se réveille en sursaut dans un train à destination de Chicago. Amnésique, il n’a aucun souvenir d’être monté dedans. Pire encore, les passagers du train se comportent avec lui avec familiarité alors qu’il ne les a jamais vus. Désorienté, il cherche à comprendre ce qui se passe mais une bombe explose tuant tout le monde à bord. Colter se réveille alors dans un caisson étrange et découvre qu’il participe à un procédé expérimental permettant de se projeter dans le corps d’une personne et de revivre les 8 dernières minutes de sa vie. Sa mission : revivre sans cesse les quelques minutes précédant l’explosion afin d’identifier et d’arrêter les auteurs de l’attentat. A chaque échec, les chances de pouvoir revenir dans le passé s’amenuisent.

DA VINCIBLE CODE

En mettant un pitch comme celui de Source Code, que l'on pourrait résumer comme "Un jour sans fin mélangé avec Déjà Vu", entre les mains de Duncan Jones, dont le premier film, Moon, était plein de promesses, on était en droit de s'attendre à une petite tuerie de série B SF. En l'état, l'exercice fait preuve d'une réelle efficacité. Le scénario parvient à exploiter habilement son postulat de départ et l'ensemble fonctionne, au premier plan en tout cas, témoignant de toutes ces qualités jouissives inhérentes aux histoires de voyages dans le temps et à ce genre de récit où le spectateur colle au plus près de la subjectivité du héros, en avance sur tous les autres personnages, y prenant un malin plaisir. Le tour de force ici est de réussir à instaurer un suspense malgré la prédétermination des événements et la répétition des scènes. Sans cette tension, le film aurait pu s'écrouler, et Jones remporte le défi haut la main. Cela dit, et c'est là le gros bémol du film, le concept au cœur de l'intrigue n'est pas assez carré pour tenir tout le long. Dans un premier temps, on fait volontiers le saut de foi requis par le dispositif qui rend l'histoire possible, prêt à passer outre les quelques trous dans la logique. Malheureusement, le film n'a de cesse d'en rajouter une couche et atteint très vite les limites de notre crédulité. Chaque nouvelle idée est belle en soi, relève d'une certaine poésie, et cela suffira peut-être à certains spectateurs pour faire passer la pilule, mais le récit aurait gagné à construire un univers un tant soit peu plus régi par des règles. C'est dommage parce que le film oublie que dans "science-fiction", il y a "fiction" mais il y aussi "science", et si les concepts du genre sont rarement réalistes, ils se doivent d'être un minimum ancrés, non dans le réel, mais dans une certaine crédibilité, une certaine logique.

Le film présente certains points communs avec Inception et le film de Christopher Nolan est un bon exemple d'univers carré. Tout ce qui est possible dans cet univers, pourtant de science-fiction, reste limité par des règles. On peut parfois les contourner légèrement, mais jamais les enfreindre. C'est parfaitement construit. Ici, c'est plus laxiste. Avec un peu plus de travail, il y avait moyen de signer un petit bijou du genre. Peut-être aurait-il fallu embrasser le voyage dans le temps plutôt que d'essayer d'y trouver une alternative qui révèle du coup ses incohérences. Au demeurant, le récit permet tout de même au réalisateur de traiter à nouveau de certains thèmes déjà évoqués dans son premier long, notamment dans la notion du désir de mort d'un personnage isolé qui découvre sa vraie nature comme seul moyen de se libérer d'un état de servitude. Une thématique qui aurait pu être beaucoup plus poignante si l'écriture avait été plus maîtrisée là aussi. Cependant, Jones ne semble pas vouloir donner dans la mélancolie qui caractérisait son précédent ouvrage, optant ici pour une mise en scène plus dans l'efficacité (et malheureusement plus anonyme). Il reste quand même de très belles choses, dans l'humour, dans la romance, certains plans, certaines idées... Source Code a beau s'avérer imparfait, il n'en demeure pas moins une œuvre vraiment charmante, consciente de ses prédécesseurs (on notera un trio de références à la série culte Code Quantum), s'inscrivant un peu dans la lignée des fleurons New Line de jadis comme Fréquence interdite et L'Effet papillon.

par Robert Hospyan

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