Le Sorcier et le serpent blanc

Le Sorcier et le serpent blanc
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Sorcier et le serpent blanc (Le)
Sorcerer and the White Snake (The)
Hong Kong, 2011
De Tony Ching
Avec : Jet Li
Durée : 1h34
Note FilmDeCulte : *****-
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Le démon Serpent Blanc décide de prendre l’apparence d’une très belle jeune femme afin de séduire le jeune herboriste Xu Xian dont elle est tombée amoureuse. Avec l’aide de Serpent Vert, elle s’aventure dans le monde des humains et finit par se marier à Xu Xian. Tout va pour le mieux jusqu’au jour où elle croise la route de Fa Hai, un sorcier du Temple Jin Shan dont l’unique mission est d’éradiquer tous les démons de la terre…

Tony Ching, c’est évidemment la réalisateur culte de la série de films-phares des années 80 : Histoires de fantômes chinois. Mais c’est également le réalisateur d’un court-métrage plus récent et peut-être moins révéré : le clip de l’Ame-Stram-Gram de Mylène Farmer. Pourquoi citer ce projet ici ? Non pas pour se moquer de l’un ou de l’autre, mais parce que pour prendre plaisir à la dernière œuvre du réalisateur, Le Sorcier et le serpent blanc, il faut également laisser de côté attentes et idées préconçues. Rester complètement ouvert. Car si le film est certes un grand spectacle, il est surtout d’un kitsch à défriser les meilleurs brushings des mamies deauvillaises. Des geishas qui se transformant en un battement de cil en chauve-souris chafouines ? Une armée de souriceaux croquant des moines sous l’océan ? Une tortue qui devise avec un serpent doté de seins ? C’est le genre de choses qu'on trouve dans le film comme sous le sabot d’un cheval. Ce n’est évidemment pas un problème en soi, mais ces idées, disons casse-gueule, sont exécutées d’une manière qui ne l’est pas moins.

Avalanche de kilotonnes de numérique où tout semble en toc, de l’océan au ciel aux personnages-mêmes et même de pauvres oies en arrière plan… le moindre élément le film semble sortir tout droit d’une clé usb plutôt que d’un antique grimoire de légende. Les couleurs tourbillonnent sans cesse en arc-en-ciel, laissant quelque part entre l’émerveillement et la nausée, et avec l’impression qu’Uma Thurman va surgir du moindre buisson pour susurrer « Do you want to have Schweppes with me ? ». Pour l’authenticité on repassera. Mais ça tombe plutôt bien, l’authenticité passe ici joyeusement à la trappe au profit du spectacle. Et sur ce terrain là, on ne peut pas dire que Tony Ching rechigne. Il faut en effet reconnaitre au film un incroyable sens du rythme qui fait que ces 100 minutes passent comme un fugace feu d’artifice. Paradoxalement, (et autres qualités cinématographiques mises à part), c'est peut-être le film du festival où l’on aura été le moins tenté de regarder sa montre.

Parce qu’au final, cette rainbow-meringue est plus fascinante que risible. Fascinante par sa croyance dur comme fer dans un inébranlable premier degré, qui ferait passer Bollywood pour du Bela Tarr sans sous-titres. Ce qui sauve Le Sorcier et le serpent blanc de sa trop grande candeur, c’est justement le fait de ne pas se prendre spécialement au sérieux. Ni entièrement naufrage honteux, ni vraiment possible à prendre réellement au sérieux (une scène d’inondation, reprise plan pour plan sur 2012, montrant clairement une différence d’ampleur), le film se situe dans un étrange entre deux, mi-film d’aventure, mi-animation pour tous petits. Disons-le : tant d’émerveillement (volontaire ou non) mérite au moins une certaine bienveillance.

par Gregory Coutaut

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