Snowden

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Snowden
Snowden
États-Unis, 2016
De Oliver Stone
Scénario : Oliver Stone
Avec : Nicolas Cage, Joseph Gordon Levitt, Rhys Ifans, Shailene Woodley
Photo : Anthony Dod Mantle
Musique : Craig Armstrong
Durée : 2h14
Sortie : 01/11/2016
Note FilmDeCulte : ****--
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Patriote idéaliste et enthousiaste, le jeune Edward Snowden semble réaliser son rêve quand il rejoint les équipes de la CIA puis de la NSA. Il découvre alors au cœur des Services de Renseignements américains l’ampleur insoupçonnée de la cyber-surveillance. Violant la Constitution, soutenue par de grandes entreprises, la NSA collecte des montagnes de données et piste toutes les formes de télécommunications à un niveau planétaire. Choqué par cette intrusion systématique dans nos vies privées, Snowden décide de rassembler des preuves et de tout divulguer. Devenu lanceur d’alerte, il sacrifiera sa liberté et sa vie privée. En juin 2013, deux journalistes prennent le risque de le rencontrer dans une chambre d’hôtel à Hong Kong. Une course contre la montre s’engage pour analyser les preuves irréfutables présentées par Snowden avant leur publication. Les révélations qui vont être faites dans cette pièce seront au cœur du plus grand scandale d’espionnage de l’histoire des États-Unis.

DEDICATED TO THE YOUNG IN WHOSE SPIRIT THE SEARCH FOR TRUTH MARCHES ON

Une chose est sûre, Snowden est ce que Stone a fait de plus abouti depuis plus de dix ans, depuis le mal-aimé Alexandre donc, mais ce n'est malheureusement pas (encore?) le grand retour tant espéré du cinéaste. Dès l'association des deux noms, Stone et Snowden, le projet semblait taillé sur mesure pour le réalisateur amateur de controverses et de complots. Passée cette simple appréciation en surface, le sujet s'avère on ne peut plus approprié à l'auteur. Ou du moins se l'est-il approprié. D'une certaine manière, Stone raconte l'histoire d'Edward Snowden en refaisant tour à tour Wall Street, Né un 4 juillet et JFK de façon à décrypter l'encrypteur et la désillusion d'un patriote. Pur personnage stonien, Snowden (campé par un Joseph Gordon-Levitt caméléon) est donc un jeune idéaliste, soldat réformé parce qu'il se brise les jambes, tel Ron Kovic, et qui va pénétrer un système où il excelle, partagé entre la pureté intègre d'une figure paternelle et le pouvoir corrupteur d'un autre, comme Charlie Sheen jadis, avant de devoir le dénoncer, parce qu'être patriote, ce n'est pas dire amen au pouvoir en place comme un bon petit républicain, mais servir son pays contre tout ennemi, externe ou interne, quitte à être seul contre tous et à risquer son couple, comme l'a fait Jim Garrison. Le parti-pris final évoque même les nombreux documentaires de la partie la plus récente de la carrière de Stone, faits d'entretiens avec des personnalités haïes du gouvernement américain.

À l'instar de W., le film n'est jamais aussi intéressant que lorsqu'il s'intéresse à l'humain et non aux faits que l'on connaît tous, montrant comment Edward est devenu Snowden, comment le vrai patriotisme se révèle, ou lorsqu'il se fait, de façon didactique mais engagée, l'espace d'un monologue du protagoniste à la documentariste qui l'interviewe, la voix de son metteur en scène, rappelant le discours illustré d'images d'archives de Donald Sutherland à Kevin Costner sur un banc à Washington. Le portrait a le mérite d'être exhaustif et jamais chiant malgré les 2h14 mais il se fait tout de même un peu scolaire. De belles idées de mise en scène incarnent régulièrement le propos, comme tous ces inserts multipliant les points de vue et les formats, symbolisant l'omniprésence des caméras, les lignes de code projetées sur Snowden, cette tour informatique qui devient une tour d'immeuble avec autant d'appartement alvéolaires assimilés aux prises et diodes de la machine qui les relie tous sous l'oppression de la surveillance ou cette illustration plus grossière mais indéniablement parlante du tentaculaire réseau des métadonnées qui se mue en oeil géant.

Toutefois, si le montage n'a rien perdu de son efficacité, on ne retrouve plus la fougue d'antan. Comme dans Wall Street - Money Never Sleeps ou Savages, on note quelques fulgurances mais Stone confirme une fois de plus s'être relativement assagi. Peut-être est-ce vain, pour ne pas dire stupide, d'attendre que le metteur en scène adopte à nouveau un style qui, en fin de compte, n'aura caractérisé qu'une seule décennie sur les quatre qui composent sa carrière mais la folie parano cocaïnée du Stone des '90s se serait prêtée à merveille à un film comme celui-ci. Malheureusement, il faut sans doute faire le deuil de cette esthétique. On ne retrouvera plus le Stone d'autrefois, sa rage à révéler la vérité (la vérité sur Salvador! la vérité sur le Vietnam! la vérité sur la mort de JFK!) ne pouvant s'appliquer à des sujets trop récents (le 11 septembre, Bush, la crise de 2008, Snowden) parce que déjà médiatisés.

par Robert Hospyan

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