Festival Black Movie: Silent Mist

Festival Black Movie: Silent Mist
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Silent Mist
Chine, République populaire de, 2017
De Miaoyan Zhang
Durée : 1h41
Note FilmDeCulte : *****-
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Dans une Venise chinoise hors du temps pleine de ruelles et de canaux, convoitée par des promoteurs immobiliers sans scrupules, le danger rôde dès que la nuit tombe. Un violeur sort de l'ombre, la nuit, à la recherche de proies.

BROUILLARD SILENCIEUX

On avait pu repérer le cinéaste chinois Zhang Miaoyan avec Black Blood, sorti il y a quelques années chez nous. Son nouveau film, Silent Mist est une comète, un film qui en quelques plans impose une majesté comme trop rarement au cinéma - en tout cas trop rarement dans un cinéma où l'attention portée à la mise en scène est secondaire. A vrai dire, plus qu'une lumineuse comète, Silent Mist est plutôt un astre noir tant le réalisateur donne l'impression d'avoir ouvert une porte sur un monde fantôme, baigné par le brouillard silencieux du titre. Il règne dans Silent Mist une lumière de fin de journée, comme voilée, sauf que cette fin de journée semble éternelle. Au sujet de Black Blood et de la région de Chine que le cinéaste a filmée, celui-ci commentait : "J'avais le sentiment d'être sur une autre planète". Silent Mist décrit le quotidien d'une petite ville chinoise mais on a là aussi le sentiment d'être happé dans une réalité parallèle.

Silent Mist pourtant s'inspire de faits divers et des crimes d'un violeur en série, dans une campagne endormie. Ce lien au réel est aussi métaphorique d'une Chine d'aujourd'hui : "Il me semble que cette liberté nouvelle a été utilisée avant tout à des fins personnelles. Les viols dans Silent Mist symbolisent cette 'liberté' individuelle acquise au détriment des innocents". Si Silent Mist est parfois d'une beauté stupéfiante, c'est surtout une inquiétante atmosphère fantomatique qui domine, l'impression d'errer dans un décor de fin du monde, des limbes, un labyrinthe où le soleil ne perce plus. La caméra se substitue au rôdeur, s'infiltre dans les maisons, traverse les murs - comme un rôdeur effectivement, mais aussi comme un spectre.

Cet onirisme est fascinant, à l'image de cette longue séquence en début de film où la caméra suit des personnages qui se relaient en un ballet silencieux et menaçant. Silent Mist distille un envoûtant mystère, au bord de l'eau sur laquelle la ville semble flotter, sous les lanternes à la lueur fragile, et l'immersion hypnotique est telle qu'on a l'impression de voir le film en VR. Il y a de quoi perdre la tête, telle cette protagoniste filmée lors d'un plan surprenant comme si celle-ci avait été décapitée, déambulant ainsi dans la ville. Silent Mist est une perle énigmatique, d'une beauté qui semble empoisonnée - et lorsqu'en fin de film une mariée, triste et emprisonnée, s'apprête pour le grand moment, on invite celle-ci avec insistance à être heureuse.

par Nicolas Bardot

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