Shanghai Dreams

Shanghai Dreams
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Shanghai Dreams
Qing Hong
Chine, République populaire de, 2005
De Wang Xiaoshuai
Avec : Yao Anlian, Li Bin, Gao Uanyan, Wang Xueyang
Durée : 2h03
Sortie : 15/03/2006
Note FilmDeCulte : ****--

FESTIVAL DE CANNES 2005 - 1980. Le gouvernement chinois décide d'autoriser le retour de la population à Shanghaï, après la révolution culturelle. Exilé contre son gré dans la province de Guizhou, le père de Qing Hong, 19 ans, est pressé de retourner dans sa ville natale. Mais la jeune fille est tombée amoureuse d'un garçon, Hong Gen.

LES ENFANTS DU DESORDRE

Prix du Jury à Cannes en 2005, Shanghai Dreams avait été affublé, à tort, de l’étiquette "film de festival", terme péjoratif à la mode qui désigne les longs métrages culturellement corrects, un peu soporifiques mais si typiques. Un adjectif accolé abusivement au beau film mélancolique de Wang Xiaoshuai, fresque ambitieuse et autobiographique qui cherche à définir une période perdue à jamais, celle de la lente libéralisation des mœurs après la Révolution culturelle. L’auteur de Beijing Bicycle, qui rêve de tourner une comédie burlesque, portait en lui le scénario de Shanghai Dreams dès ses premiers tours de manivelle. Lui aussi a vécu le fossé générationnel et les doutes de sa famille, contrainte à l’exil à l’autre bout de la Chine. Son film a bien sûr le parfum de la véracité, de la boom has been sur fond de Boney M aux colères d’une adolescente timide qui ose pourtant résister à son père. Sans être purement illustrative, la mise en scène expose sobrement le propos, en restant toujours sur le perron de la maison et des sentiments.

EXILS

Shanghai Dreams rappelle en bien des aspects les premiers films du maître taiwanais Hou Hsiao-Hsien, tels que Les Garçons de Fengkuei ou Un temps pour vivre, un temps pour mourir. On retrouve en effet dans le cinéma de Wang Xiaoshuai le même souci d’authenticité, la même attention formelle, le ton délicat et sobre. Le cinéaste originaire de Shanghaï préfère la suggestion à l’image choc, l’approche psychologique aux traumatismes. Sans l’air d’y toucher, il aborde pourtant des questions difficiles, surtout en Chine, comme la remise en cause de l’autorité paternelle ou les dégâts à long terme d’une politique absurde. Premier film de la nouvelle génération de réalisateurs chinois (Jia Zhang Ke, Yu Lik-wai) à être autorisé par le gouvernement de Pékin, Shanghai Dreams est une bombe à retardement. L’émotion ténue et dissimulée finit par exploser dans un final déchirant. Emir Kusturica et son jury ne se sont pas trompés en lui accordant un légitime prix du jury. Faux petit film, Shanghai Dreams mérite bien cette juste reconnaissance.

par Yannick Vély

En savoir plus

Première sélection en compétition officielle à Cannes pour le Chinois Wang Xiaoshuai, réalisateur dit de la "Sixième Génération", dont sont issus Jia Zhang-Ke (Xiao Wu, pickpocket, The World) et Lou Ye (Suzhou River). Après deux premiers essais très remarqués, Frozen (1996), et So Close to Paradise (1998), il a obtenu la reconnaissance de ses pairs avec Beijing Bicycle, Grand Prix du Festival de Berlin en 2001. Depuis, il a participé à un film à sketches inédit, After War avec le Coréen Moon Seung-wook et le Japonais Nobuhiro Suwa, et mis en scène Drifters. Pour Shanghai Dreams, il retrouve la jeune actrice de Beijing Bicycle.

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