Shadow Days

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Shadow Days
Gui ri zi
Chine, République populaire de, 2014
De Dayong Zhao
Durée : 1h35
Sortie : 30/03/2016
Note FilmDeCulte : ****--
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Reinwei revient vivre dans le village reculé de son enfance en compagnie de sa fiancée, enceinte de plusieurs mois. Il est engagé par son oncle pour l’aider à faire respecter rigoureusement la loi sur l’enfant unique...

LE VILLAGE DES DAMNÉS

Shadows Days est à la fois le film auquel on s’attend et finalement tout autre chose. Ce qui est déjà en soi une qualité bien intrigante. Le long métrage s’ouvre par un plan d’ensemble sur les montagnes, suivant en plongée la voiture des protagonistes qui se dirigent vers leur destination. Peut-être plus que la fameuse introduction funeste de Shining, c’est l’hypothèse que le plan soit filmé en caméra subjective qui ouvre la piste de la menace, du film de genre. Qui (ou qu’est-ce qui) attend Reinwei et son amie dans le village où ils se rendent ? Mais Shadows Days ne se contente pas des codes du film de genre, la piste est même abandonnée, ressurgit parfois. Cette dimension mystérieuse est à la fois récurrente et suffisamment discrète pour se faire oublier aux yeux de ceux qui ne voudraient voir ici qu’un film politique de plus. Il y a évidemment de cela. Le décor est familier, celui d’une chine rurale comme coupée du temps, isolée dans sa géographie comme dans sa manière de perpétuer des traditions étouffantes et parfois violentes. La loi de l’enfant unique est ici respectée jusqu’à l’absurde, jusqu’à des avortements forcés effectués au nom du Bien général.

Pourtant Shadows Days n’est pas qu’un film à sujet, car il y a une vraie personnalité de cinéma dans la manière qu’a Zhao Dayong (lire notre entretien) de brouiller les pistes et faire fluctuer les registres. Dans ce village sans chef où l’on ne sait plus à quel saint se vouer, on prie et s’en remet à un peu tout le monde et surtout à n’importe qui. Les rituels chamaniques d’un autre âge côtoient les prières adressées à une statue miniature de Mao. Des scènes absurdes, non dénuées d’humour noir, qui viennent enrichir un film qui n’hésite pas, le temps de plans furtifs et fulgurants, à virer au fantastique grotesque et inquiétant. Une piste qu’il aurait certes été jubilatoire de voir explorée à fond, mais en la faisant disparaitre presque immédiatement, Zhao Dayong rend son récit encore plus angoissant. Il n’y a pas d’explication facile, tout comme il n’y a pas d’échappatoire évidente pour les personnages. Ne clignez pas des yeux à ces moments-là, vous risqueriez de rater les plans les plus osés et dingos d’un film qui, s’il manque de rythme, ne manque ni d'audace ni de savoir-faire. Voilà un metteur en scène qui n’a pas froid aux yeux.

par Gregory Coutaut

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