The Salvation

The Salvation
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Salvation (The)
Danemark, 2014
De Kristian Levring
Avec : Mads Mikkelsen
Durée : 1h40
Sortie : 27/08/2014
Note FilmDeCulte : **----
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1870, Amérique. Lorsque John tue le meurtrier de sa famille, il déclenche la fureur du chef de gang, Delarue. Trahi par sa communauté, lâche et corrompue, le paisible pionnier doit alors traquer seul les hors-la-loi.

TOC TOC

The Salvation n’est pas un western comme les autres. Pas forcément à cause de sa nationalité danoise, même si cela a suffi à Thierry Frémaux pour présenter le film comme un ovni lors de l’annonce de la sélection, devant des journalistes rigolards face à une telle aberration supposée : un western danois, pensez donc. Mais le film est majoritairement en langue anglaise, et de nombreux pays européens (de l’Espagne à l’Italie en passant même par l’Allemagne) ont déjà forgé de près ou de loin l’histoire du genre. Sa singularité pourrait venir de son réalisateur, déjà passé à Cannes il y a quatorze ans avec un film dogme très singulier, l’inédit The King Is Alive. Comme dans ce dernier, le désert sert d’ailleurs ici de révélateur de la sauvagerie intérieure des personnages, mais cela est de toute façon déjà le cas de tous les westerns. Effectivement, The Salvation ne chamboule pas les codes et les recettes du genre, et cherche au contraire à les combiner sous une forme pop, un format court et léger de série B fun aux couleurs saturées, pour un résultat pourtant moins proche des Larmes du tigre noir que de Lucky Luke avec Jean Dujardin.

A l’image de ce traitement esthétique, tout est ici d’une artificialité à double tranchant. Cette dernière participe d’une part à créer un rythme soutenu, ou l’on préfère se castagner plutôt que de perdre son temps à tergiverser, mais cette vitesse tourne vite à la précipitation. La scène de viol, point pivot du récit, est l’une des moins éprouvantes de l’histoire du cinéma, car lorsqu’elle advient au début du film, on n’est pas encore très sûr d’assister à autre chose qu’un sketch à l’ironie cool en forme d’hommage parodique. Le problème est qu’une fois venu le générique de fin, cette impression reste exactement la même. Kristian Levring n’est pas Tarantino, et ne transcende jamais sa collection de vignettes. Sa mise en scène empêche les personnages d’être autre chose que des stéréotypes (la sauvage indocile, le bon gros méchant, le couard corrompu…), et empêche la plupart des comédiens de se hisser au-dessus du simple essayage de costume. Mads Mikkelsen s’en tire certes avec le charisme qu’on lui connait (c’est d’ailleurs lui qui reste de loin le principal intérêt du film), tandis qu’Eva Green se dépatouille avec un rôle faussement intéressant et vraiment potiche, et qu’Eric Cantona fait office de figurant de luxe. Ce casting improbable confirme la tendance de The Salvation à se tirer une balle dans le pied : à force de clins d’œil ironiques, on ne croit rapidement plus à ce que l’on voit, et le film peine à créer toute forme de tension et d’émotion durable.

par Gregory Coutaut

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