Saimir

Saimir
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Saimir
Italie, 2004
De Francesco Munzi
Scénario : Serena Brugnolo, Dino Gentili, Francesco Munzi
Avec : Xhevdet Ferri, Anna Ferruzzo, Lavinia Guglielman, Mishel Manoku
Durée : 1h28
Sortie : 10/01/2007
Note FilmDeCulte : **----

Saimir, quinze ans, originaire d'Albanie, vit avec son père Edmond dans un village décrépi du littoral du Latium en Italie. Edmond fait du trafic d'émigrés clandestins au profit d'entreprises agricoles locales. L'adolescent a des rapports difficiles avec son père. Il ne supporte pas ses activités auxquelles il est mêlé malgré lui. Ayant du mal à s'intégrer, Saimir se tourne vers un groupe de gitans. Tout bascule lorsqu'il découvre que son père trempe dans une affaire de prostitution de mineures...

LA NOTICE

Saimir est de ces films dont le dossier de presse fait office de guide de montage pour une critique en kit, aussi aisément écrite que digérée. Du film, il faudrait donc louer la peu transalpine facture, son anti-berlusconisme criant — certes. Souligner aussi son appartenance à un courant social, devenu festivalier donc confortable, inspiré à gros traits du cinéma des Dardenne — étiquetage en voie de banalisation, dont les frères finiront sans doute un jour par pâtir, à leur corps défendant. Et louer, dans le métrage terne et balisé qui se déroule, une rigueur finalement discutable. Application serait plus juste, tant Saimir semble annoter ses passages obligés et éplorements d'époque (dont on ne discutera pas la justesse morale, mais bien la pertinence esthétique, ici cantonnée au catalogage: immigration clandestine, prostitution, échec scolaire, démission des adultes en général et des parents en particulier, éveil sexuel adolescent donc balourd…). Plombée par ces froides routines d'écriture de la misère humaine (on comprend l'envie naturaliste d'éviter l'indignation facile, mais l'absence totale d'implication émotionnelle est aussi une impasse), la mise en scène peine à s'élever au niveau de ses modèles.

Le tort ici commis est de résumer les Dardenne à leurs situations dramatiques: leur cinéma relève d'abord de l'action, du mouvement et du rythme, et trouve sa pulsation dans l'image. L'image, dans Saimir, vit au contraire bien peu. Une séquence de cambriolage, pourtant, à mi-parcours, laisse entrevoir ce que le film de Munzi, figé par sa narration grisâtre, aurait pu atteindre en s'en libérant. Soudainement, en effet, Saimir vit, justement, porté par Les Quatre saisons de Vivaldi, en une éphémère suspension, inquiète et gracieuse, lumineuse aussi, évoquant autant le Zonca du Petit voleur, pour sa brutalité, que le Clark de Wassup Rockers, pour sa légèreté presque enfantine. Rencontre contradictoire et résolument politique entre tension et frivolité, cette séquence miraculeuse s'éteint malheureusement trop vite pour sauver le reste du ronron du film social, dont la notice, livrée avec, limite aux seules intentions.

par Guillaume Massart

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