Roubaix, une lumière

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Roubaix, une lumière
France, 2019
De Arnaud Desplechin
Scénario : Arnaud Desplechin, Léa Mysius
Avec : Sara Forestier, Antoine Reinartz, Léa Seydoux, Roschdy Zem
Photo : Irina Lubtchansky
Musique : Grégoire Hetzel
Durée : 1h59
Sortie : 21/08/2019
Note FilmDeCulte : ****--
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À Roubaix, un soir de Noël, Daoud le chef de la police locale et Louis, fraîchement diplômé, font face au meurtre d’une vieille femme. Les voisines de la victime, deux jeunes femmes, Claude et Marie, sont arrêtées. Elles sont toxicomanes, alcooliques, amantes…

C’EST BEAU UNE VILLE LA NUIT

Pour son dixième long, Arnaud Desplechin a décidé de revenir vers ses origines et de venir battre le pavé Roubaisien s’aventurant ainsi en dehors d’une certaine zone confort, mettant le nez dehors et partant à l’aventure dans le réel, dans le dur, dans le polar et le noir, deux genres qu’il n’avait pas encore vraiment abordé de front. Mais attention, ici on n’est pas dans la démonstration tout en assurance et en virilité d’un Olivier Marchal. Non, le réalisateur de Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle), d’Un conte de noël et de Rois et reine ne se plonge pas corps et âme dans une enquête “classique“ avec flics vs truands mais s’en vient d’abord prendre le pouls d’une ville, de SA ville, en esquissant une cartographie de la petite criminalité dans une chronique locale, un peu comme une accumulation de tranches de vies d’un commissariat. Intriguant. Parce que si, dans un premier temps (en fait la moitié de l’œuvre), Desplechin préfère se perdre sur de nombreux chemins de traverse, c’est aussi et surtout pour prendre le temps de dessiner, de croquer ses personnages un à un, de les laisser exister pour mieux nous les laisser les apprivoiser avant de les laisser partir vers ce qui s’avère être l’enquête principale, le gros dossier de l’affaire. Et ce dossier c’est celui qui retient toute l’attention, la pièce maitresse de l’histoire, le pouls du métrage, tant il se permet de confronter une enquête tirée d’un fait divers réel (le film étant d’ailleurs basé sur un documentaire Roubaix, commissariat central de Mosco Boucault) à la réalité d’une misère sociale locale, d’une certaine détresse. Composant une ambiance délétère et crépusculaire qui marque et qui imprègne toute la pellicule, Desplechin se sert donc de cette enquête principale pour mieux creuser en profondeur l’âme humaine et ses infinies méandres à travers deux femmes au parcours dramatique et chaotique raccrochant ainsi au projet tout le sel introspectif qui compose l’essentiel de l’ossature de sa filmographie. Et pour l’épauler dans sa démarche, il peut compter sur un trio de comédiens quasi inoubliable. Quasi. Car si Sara Forestier fera l’unanimité en se glissant dans les vêtements et en se fondant dans la peau de Marie “l’inadaptée“, et que Roschdy Zem, toujours impérial, toujours aussi magnétique (la lumière du titre c’est lui), lui emboitera le pas dans celui du chef de la police locale, on aura peut-être plus de réserves sur Léa Seydoux qui ne fait qu’interpréter son rôle sans le transcender, un peu comme si le costume n’était qu’un simple déguisement. Pas grave cependant, l’ensemble restant suffisamment solide et fort pour ne pas avoir à s’arrêter sur ce point qui, à la vue de l’œuvre, n’apparaît que comme un détail.

par Christophe Chenallet

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