Romance Joe

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Romance Joe
Corée du Sud, 2011
De Kwang-Kuk Lee
Scénario : Kwang-Kuk Lee
Durée : 1h55
Note FilmDeCulte : ****--
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Un réalisateur célèbre arrive dans une petite ville pour y terminer son dernier scénario. Alors qu’il a du mal à trouver l’inspiration, il commande du café et entame la conversation avec la livreuse. Celle-ci lui raconte alors l’histoire de « Romance Joe ».

STORYTELLING

Romance Joe, qui a tourné dans des festivals tels que Busan ou Rotterdam, est le premier long métrage d'un assistant de Hong Sang-Soo. L'une des images promotionnelles du film (et celle qui illustre notre article) semble tirée de In Another Country: une jeune femme coréenne attablée, filmée de côté, attend l'inspiration. Petite nuance: dans In Another Country, elle écrit une histoire, ici, elle la lit. Hong Sang-Soo est souvent réduit à quelques gimmicks: le réalisateur coréen raconterait toujours la même histoire, calant des scènes contractuelles de beuveries et de romances trempées dans la lose. Hong Sang-Soo est souvent comparé à Eric Rohmer, autre réalisateur dont le cinéma est souvent réduit à des clichés (du marivaudage, du bavardage = du Rohmer). Les films de Hong Sang-Soo comme de Rohmer sont infiniment plus riches et complexes qu'en apparence. A l'opposé de leur cinéma, il y a des films à sujet qui bandent leurs petits muscles, qui donnent l'impression d'être grands alors qu'ils sont tout petit. Les films de Hong Sang-Soo ressemblent de loin à des miniatures et sont souvent, à tort, traités comme tels (voir l'accueil cannois de son dernier film, poli, gentil, mais pas plus que ça, à part dans quelques revues). Pourtant, quand on voit un film du Coréen comme un film de Rohmer, on en apprend autant en tant que cinéphile qu'en tant qu'homme. On ne peut pas en dire autant de tous les réalisateurs.

Comparer Lee Kwang-Kuk à Hong Sang-Soo est donc assez périlleux. D'abord parce qu'on risque de tomber dans les clichés répandus sur Hong, ensuite parce que le poids de la comparaison est difficile à porter pour le jeune cinéaste. Mais il y a évidemment une filiation: dans ce goût pour le jeu entre réel et fiction, dans ce décor de cinéma. Lee n'a pas encore la finesse d'écriture de son aîné, ni le sens de la concision des meilleurs films de ce dernier (les meilleurs Hong Sang-Soo sont souvent les plus courts: La Femme est l'avenir de l'homme, The Day He Arrives, In Another Country). Il y a probablement une demi heure de trop qui alourdit la narration de Romance Joe. Mais il y a aussi de belles choses, comme cette façon de ne pas prendre le spectateur par la main (qui raconte quoi, sommes-nous avant ou après), et cette douceur dans le traitement des personnages qui donne une certaine grâce à l'ensemble (comme lors des séquences entre deux jeunes ados). L'invitation à suivre le lapin blanc d'Alice marche aussi comme une invitation à suivre les prochains films de ce réalisateur plutôt prometteur.

par Nicolas Bardot

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