Robocop

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Robocop
États-Unis, 2014
De José Padilha
Durée : 2h01
Sortie : 05/02/2014
Note FilmDeCulte : **----
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Les services de police inventent une nouvelle arme infaillible, Robocop, mi-homme, mi-robot, policier électronique de chair et d'acier qui a pour mission de sauvegarder la tranquillité de la ville. Mais ce cyborg a aussi une âme...

ROBOFLOP

Que dire de ce Robocop que l'on n'aurait pu prédire? Avec la plus grande ouverture d'esprit, on pouvait dénoter dans la bande-annonce certaines idées dans la réinterprétation de l'univers du premier film qui pouvaient présenter quelque valeur ajoutée. On était même prêt à accepter l'absurdité du passage au PG-13 de cette version 2014 d'un film pourtant réputé pour son ultraviolence, qu'on pourra expliquer par la disparition de la nature satirique de l'original. Malheureusement, il s'agit là des deux premiers indices de l'aseptisation globale opérée par ce remake. Il est triste de constater à quel point le schéma de la production de ce genre de projet est le même : on va dénicher un jeune talent, prometteur parce qu'il n'est pas d'Hollywood, sorte de garantie pour rassurer les geeks d'un choix un peu pertinent au vu de sa filmographie, mais vraisemblablement sélectionné uniquement parce qu'il est plus malléable. On pourra sortir toutes les excuses du monde à base de "il a pas fait ce qu'il voulait", rien dans sa mise en scène ne vaut un tant soit peu le détour. C'est propre, quand la caméra ne bouge pas inutilement durant les scènes de dialogues, mais surtout fonctionnel, même dans l'action. Une update aurait pu au moins assurer à ce niveau mais il n'en est rien. C'est pauvre en action et l'action est faible. Des gunfights de l'ancien temps auxquels Padilha essaie d'apporter parfois un semblant d'idée mais qui rendent juste le tout plus confus. Le pire, c'est qu'elles exploitent très mal le personnage, qui n'est plus du tout menaçant, ni imposant. La grosse différence entre le Robocop de jadis et celui-ci? Le nouveau peut sauter. C'est tout. Libéré par les CGI, le cyborg virevolte désormais, semblablement défait de tout son poids. Comme le reste du film.

TROP PAS D’ÉLITE

L'humour de Verhoeven a disparu mais Padilha tente de garder son propos cinglant sur les mégacorporations, la corruption et les médias et propose même un nouveau point de départ, plaçant l'intrigue du film dans un contexte actuel d'interventionnisme US à l'étranger avec utilisation militaire de drones. Le souci, c'est que ce n'est que ça. Un contexte. L'introduction via l'émission propagandiste et la séquence en Iran compose une entrée en matière pas trop mauvaise, d'autant plus qu'il s'agit d'une des rares scènes qui fait l'effort de proposer quelque chose de nouveau vis-à-vis de son modèle, mais très vite il est clair que cela ne sert en réalité que de point de départ à l'intrigue (Omnicorp veut foutre des drones sur le territoire américain et Robocop servira de transition pour convaincre le public). A partir de ce postulat, Padilha prend son temps pour montrer la transformation d'Alex Murphy en Robocop, et c'est tout à son honneur, mais jamais le film ne parvient à investir le spectateur dans la tragédie du protagoniste. A l'exception d'une scène (enfin, un plan, sur son "corps", dans le labo), tout est très générique, notamment les scènes avec la femme et le fils de Murphy, dépourvues d'émotion. La faute peut-être à un Joel Kinnaman dépourvu du moindre charisme. Le film de Verhoeven était tout sauf subtil mais parvenait à garder tout le gravitas nécessaire à l'histoire, par la violence, par l'iconographie. Ici, elle a presque complètement disparue. Rien n'est plus parlant que la modification du costume. On commence avec une version upgradée plutôt classe et réussie de l'armure de 1987...mais on l'échange très vite contre cette uniforme noir banal tout droit sorti d'un GI Joe, semblable à n'importe quel flic de film de SF de ces dernières années (cf. Hunger Games ou...Total Recall). Lorsqu'il "renaît" à la fin, il retrouve l'armure grise du début du film, que les méchants avaient remplacé donc, comme si Padilha voulait dire "c'est ça sa véritable identité, c'est ça le vrai Robocop", mais ce petit détail méta est bien peu de choses et arrive trop tard. Passé le premier acte, le récit tombe plus ouvertement dans la copie, recyclant directement l'intrigue de l'original, et souffre par conséquent encore plus de la comparaison. Au final, ce remake n'est même pas révoltant. Il est trop fade pour ça.

par Robert Hospyan

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