Rêve de Cassandre (Le)

Rêve de Cassandre (Le)
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Rêve de Cassandre (Le)
Cassandra’s Dream
États-Unis, 2007
Durée : 1h48
Sortie : 31/10/2007
Note FilmDeCulte : *****-
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Sur un coup de coeur, deux frères s'offrent un voilier qu'ils baptisent "Cassandra's Dream". Une vraie folie car ni l'un ni l'autre n'ont réellement les moyens d'assumer ce signe extérieur de richesse. Terry travaille dans un garage tandis que Ian dirige le restaurant de leurs parents. Lorsque le premier est confronté à une importante dette de jeu et que le second s'éprend d'Angela, ambitieuse comédienne de théâtre, ils sont obligés de solliciter l'aide de leur oncle Howard qui a fait fortune en Californie. En contrepartie de son solide coup de pouce financier, il leur demande de lui rendre un petit service.

CRIMES ET DELITS

Dernier volet de la "trilogie" londonienne et expatriée du plus New-Yorkais des réalisateurs américains, Le Rêve de Cassandre s’inscrit dans la droite lignée de Match Point, balle de match arrivée à point nommé dans la très riche carrière d’un cinéaste qui donnait parfois l’impression de tourner un peu à vide et en rond, en enchaînant quelques comédies à l’inégale inspiration et dont Hollywood Ending figure probablement le cul-de-sac. C’était d’ailleurs un peu le cas pour Scoop, son précédent film, bulle certes très charmante – merci Scarlett - mais en kit mains libres. Le Rêve de Cassandre remet les pattes dans le moteur et retrouve la verve des films "sérieux" de Woody Allen, teintant ici le jeu de classes sociales d'une obsédante culpabilité dostoïevskienne, crime et châtiment plongés dans des motifs de tragédie grecque, en équilibre fragile avec ce qui n'est finalement qu'un fait divers anonyme, comme l’illustre la sécheresse du dénouement, grande histoire renvoyée à ses quelques lignes crapoteuses dans le journal.

BREAK POINT

Dès le générique, l’habituelle routine jazz, ouverture codée comme du théâtre no dans la filmographie de Woody, laisse place au ressac musical de Philip Glass, refrain qui lime les âmes rongées par la faute, et tourmente le personnage de Terry (Colin Farrell), grand garçon bouleversant, un peu Sissy aux mains salies, nuage noir au-dessus du front quand l’impasse se dessine peu à peu, seul conscient des sombres et fâcheux auspices de Cassandre là où d'autres, dans un salon douillet, n'y voient plus qu'un doux songe. Celui d’une autre vie, grand luxe hollywoodien ou petit bateau voguant sur l’eau mais, par la condition de ses héros égarés, la balle de match semble être déjà tombée du mauvais côté du filet, et le pacte avec le diable, la proposition du patriarche, le deal faustien qui, comme dans Match Point, laissent croire que tout peut s’acheter, ne sont qu’une illusion, un leurre tragique, ce rêve du titre, qu’Allen raconte avec nerf, densité et perversité, avec peut-être un souffle moins fort que dans sa précédente réussite, mais avec une assurance maîtresse de son art.

par Nicolas Bardot

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