Pulp, a Film About Life, Death & Supermarkets

Pulp, a Film About Life, Death & Supermarkets
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Pulp, a Film About Life, Death & Supermarkets
France, 2015
De Florian Habicht
Durée : 1h30
Sortie : 01/04/2015
Note FilmDeCulte : *****-
  • Pulp, a Film About Life, Death & Supermarkets
  • Pulp, a Film About Life, Death & Supermarkets

8 décembre 2012. Une pierre blanche dans l'histoire de l'outsider le plus chic du rock anglais. Jarvis Cocker et de son groupe Pulp donnent le dernier concert de leur ultime tournée dans leur ville natale : Sheffield. L'histoire d'une journée presque ordinaire dans cette ville moyenne du Nord de l'Angleterre où les poissonniers remplissent leur étal, où les vendeurs de journaux alignent les éditions de The Star titrant sur Pulp, où les fans de 7 à 77 ans se racontent passionnément leurs souvenirs avant l'ouverture des portes et où les membres du groupe sentent la pression monter.

SHEFFIELD SEX CITY

Pulp a 37 ans. L’âge dangereux des retrouvailles embarrassées et des célébrations ampoulées. En immortalisant le dernier concert à Sheffield du groupe anglais, Florian Habicht courait le risque de momifier l’histoire passionnante d’une formation à géométrie variable qui a survécu à trois décennies d’effervescence pop et de déboires tragi-comiques. Des premiers bides cosmiques à l’intronisation miraculeuse de Different Class à Glastonbury, des névroses entêtantes de Freaks à la sérénité retrouvée de We Love Life, le groupe de Jarvis Cocker a connu plusieurs vies ; il a grandi et mûri avec ses fans. Sa longévité exceptionnelle, sa fortune inespérée (et la délicieuse personnalité de son chanteur) l’ont rendu d’autant plus singulier et attachant. Le documentaire ne s’intitule pas A Film About Life, Death & Supermarkets par hasard. À l’heure des adieux, il est beaucoup question de vieillesse, d’arthrite et de mort "inéluctable". Jarvis Cocker ne chantait-il pas "Aidez les vieux car un jour vous serez vieux à votre tour" ? Après 37 ans, que reste-t-il de Pulp dans sa ville natale, Sheffield, ancienne cité sidérurgique aussi accueillante qu’un four à pain et aussi riante qu’un dimanche sous la pluie ? Plutôt que de retracer le parcours du groupe, à coups de confidences fallacieuses et d’archives tire-larmes, Habicht privilégie la digression et l’art du décalage. Il s’amuse ainsi à donner la parole à des fans septuagénaires ou à faire chanter une chorale du troisième âge. On évoque certes la fin des temps, mais avec la drôlerie et la douce ironie qui caractérisent Pulp.

L’originalité du documentaire est de proposer un portrait de Sheffield à travers ses "common people", ses "mis-shapes, mistakes, misfits", dont certains prétendent encore que Joe Cocker est l’oncle de Jarvis. Entre Josephine aimant la musique "qui fait réfléchir", Terry déclarant que We Are the Champions est son titre préféré ou Melina l’infirmière et mère célibataire venue de Géorgie, Florian Habicht met en miroir les témoignages de ces parfaits inconnus avec les paroles des chansons de Pulp. Car chacun aurait pu inspirer un refrain, comme tous ces prénoms qui hantent les albums de Pulp (Deborah, Minnie, Sylvia, Susan, David…). Manteau léopard sur le dos, mèches blondes peroxydées et paupières mauves, Bomar confie à quel point les textes de Cocker ont été un réconfort dans la dépression. Habicht saisit toute la beauté ambivalente du groupe. L’identité de Pulp, c’est aussi bien les mélodies flamboyantes, les hymnes fédérateurs que la cruauté et l’amertume avec lesquels Cocker fantasme sa vie et croque celle des middle class heroes. La frivolité dans la gravité, la boule à facettes dans les ténèbres. Entrecoupée d’extraits de concert et de brèves interviews, cette déambulation nostalgique dans la ville rappelle les visuels de l’album Different Class : figés en noir et blanc, mi-revenants, mi-voyeurs, les membres du groupe s’insinuaient dans la vie et l’intimité des gens. Pulp plane telle une créature légendaire au-dessus de Sheffield, à la fois lointaine et terriblement familière. Ne serait-ce que pour voir Jarvis Cocker, bête de scène et demi-dieu à lunettes, changer un pneu ou nous présenter sa trousse de secours pendant les tournées, ce documentaire est indispensable à tout fan de Pulp qui se respecte.

par Danielle Chou

Commentaires

Partenaires