Prophétie des grenouilles (La)

Prophétie des grenouilles (La)
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Avant de partir en voyage, les Lamotte confient leur fille Lili aux bons soins de Ferdinand, Juliette et Tom. Pendant qu’ils jouent à cache-cache près de la ferme de Ferdinand, Tom et Lili sont abordés par des grenouilles affolées. Celles-ci prédisent un effroyable déluge.

TROMPE-L’ŒIL

Dernier film d’animation français d’envergure à sortir cette année, La Prophétie des grenouilles était, a priori, le projet le plus enclin à concurrencer les productions américaines et japonaises, sur le marché du dessin animé destiné à une large audience. Etabli à Valence dans la Drôme, le studio Folimage a assis sa réputation par des courts métrages originaux et poétiques, véritables bêtes de concours qui ont raflé de nombreux prix dans les festivals. Le passage au long s’annonçait prometteur. Les images diffusées dans la presse suggéraient une grande épopée animée, fantaisiste et colorée. Le premier quart d’heure de La Prophétie des grenouilles suscite l’enchantement. Baignés de lumière, les graphismes installent un univers chaleureux, qui semble tout droit sorti des toiles fauves de Gauguin. Humains et animaux sont croqués avec amour; leurs traits arrondis inspirent immédiatement la sympathie. Face à un déluge d’une violence biblique prédit par une assemblée de batraciens astrologues, se forme une nouvelle et improbable arche de Noé, gouvernée par un vieux loup de mer. Paisibles herbivores et voraces carnivores sont contraints de se serrer les coudes, de cohabiter pacifiquement pour vaincre, ensemble, cette terrible épreuve. Voilà pour la morale appuyée de l’histoire.

DEFOULOIR

Car à défaut de la traversée picaresque espérée, Jacques-Rémy Girerd nous convie à un surprenant et étouffant surplace. L’action se situe en huis clos, dans le moulin aménagé en îlot de sauvetage. L’intrigue se limite à un complot aux motivations vaguement compréhensibles. A l’image du couple d’éléphants, le spectateur est coincé, pris en otage, contraint de faire le deuil de ses envies de grand large. Par moments, les dialogues font mouche. Le film réussit à retrouver l’atmosphère des colonies de vacances, ses balades au coin du feu et ses petits jeux pour passer le temps. Mais les rires sont vite balayés par des préoccupations autrement plus traumatisantes. La Prophétie des grenouilles s’assombrit au fil des saynètes. Une fillette confrontée à la mort de ses parents éclate en sanglots, un animal d’apparence inoffensif et asexué se mue en psychopathe aux délires freudiens, les bonnes volontés sont remises en question par la faim et les bas instincts des prédateurs. Et si la conclusion s’avère plus rassurante sur les intentions des auteurs, la déception demeure au rendez-vous. La faute à un scénario oppressant qui manque cruellement d’imagination et de légèreté. Conséquence malheureuse: La Prophétie des grenouilles provoque plus souvent l’ennui que l’émerveillement.

par Yannick Vély

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