Projet X

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Projet X
États-Unis, 2012
De Nima Nourizadeh
Scénario : Michael Bacall, Matt Drake
Avec : Thomas Mann
Photo : Ken Seng
Durée : 1h28
Sortie : 14/03/2012
Note FilmDeCulte : ****--
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Alors qu'ils semblaient jusque-là se fondre dans la masse, trois lycéens décident de sortir de l'anonymat. En apparence, leur projet est plutôt inoffensif puisqu'ils ont l'intention d'organiser une fête des plus mémorables. Mais rien n'aurait pu les préparer à la soirée qu'ils s'apprêtent à vivre... La rumeur se propage alors rapidement, tandis que les rêves des uns s'effondrent, les résultats scolaires des autres dégringolent, et des légendes se forgent…

CETTE SOIRÉE-LA

Bien qu'il ne fasse que produire le film, Todd Phillips est présent tout le long de cette nouvelle célébration de l'irresponsabilité masculine, récurrence de l’œuvre du bonhomme depuis ses débuts dans le documentaire (sur les fraternités des facs US) jusqu'à Very Bad Trip. Et le documentaire n'est évidemment pas loin dans le choix de faire une sorte d'ersatz exacerbé de Supergrave - le trio de protagonistes est à deux doigts du plagiat - via un traitement found footage, mouvement qui sort donc cette année du genre horrifique mais qui s'avère encore moins rigoureusement appliqué ici que dans le récent Chronicle. Qu'on regroupe les images de plusieurs caméras ne gêne pas du tout, au contraire, pour le coup, c'est même logique, mais ça reste assez mal exploité, formellement - les champs-contre-champs et les jump-cuts sont poussifs - et narrativement - il aurait fallu profiter de la multiplication des points de vue pour suivre différentes intrigues, différents personnages, qui ne se connaîtraient pas. Et refiler la caméra diégétisée à un personnage muet n'est pas intéressant. On perd une certaine interactivité et du coup, on se demande si c'était bien la peine de choisir cette approche. A part pour surfer sur la mode. De plus, on s'interroge sur le fait d'opter pour du found footage pour filmer une teuf absolument pas réaliste dans son crescendo infernal. Est-ce judicieux, vu que la démarche ancre l'incroyable dans une certaine réalité, ou aurait-il été plus pertinent d'écrire un récit dont la véracité serait mieux servie par la forme?

Au-delà de ça, la mise en scène parvient tout de même à capturer nombre d'aspects de la soirée avec justesse : l'ivresse, la folie, la chaleur, la sueur, cette espèce de focalisation interne qui ne donne qu'une vision forcément tronquée de la soirée, qu'on ne peut jamais vivre dans son intégralité, parce que trop énorme, trop vaste, trop peuplée. Le gros flash diégétisé de la caméra stigmatise l'animation des corps en sueur, les isole dans la lumière, les entoure d'obscurité, comme un iris. En naviguant entre documentaire, clip, et captation (cinq semaines de tournage et donc quelque part une vraie teuf avec des vrais bouts de teuf filmés au portable par les figurants), le film parvient à toucher à une certaine vérité, en dépit de l'escalade abusive du dernier acte, par une succession de vignettes qui, même si le déroulement de la soirée est à la portée de tous, font presque toujours mouche, dans l'humour - cf. les gags absurdes géniaux, comme les deux agents de sécurité ou le moustachu - mais aussi dans la description de cette euphorie si caractéristique de l'ado bourré conscient de l'erreur, qui voit que ça part en couille, mais qui finit toujours par néantiser les conséquences parce que seul le moment présent compte. Le prochain shot. La prochaine meuf. La prochaine connerie. Aux États-Unis, les critiques s'interrogent sur le côté amoral du film mais c'est précisément cette absence de morale qui change. Et aussi convenue que puisse être la conclusion, le dernier plan est plutôt mignon.

par Robert Hospyan

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