La Planète des singes : suprématie

La Planète des singes : suprématie
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Planète des singes : suprématie (La)
War for the Planet of the Apes
États-Unis, 2017
De Matt Reeves
Scénario : Mark Bomback, Matt Reeves
Avec : Woody Harrelson, Andy Serkis, Steve Zahn
Photo : Michael Seresin
Musique : Michael Giacchino
Durée : 2h22
Sortie : 02/08/2017
Note FilmDeCulte : *****-
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Dans ce volet final de la trilogie, César, à la tête des Singes, doit défendre les siens contre une armée humaine prônant leur destruction. L’issue du combat déterminera non seulement le destin de chaque espèce, mais aussi l’avenir de la planète.

C'EST PAS AU VIEUX SINGE...

Chaque fois que l'on désespère face aux blockbusters de moins en moins intéressants intervient un exemple de réussite qui permet de garder la foi. Qui aurait cru que deux des meilleurs blockbusters de l'année seraient des troisièmes épisodes westernisants de franchises spin-offs ou préquelles tirées de licences comptant déjà plus de cinq films? Après Logan, voici donc La Planète des singes - Suprématie (sic), qui pourrait servir lui aussi de conclusion, s'enchaînant parfaitement avec le film de 1968 (même si c'était déjà le cas pour les deux précédents). Cependant, en lieu et place de la surenchère attendue pour le dernier tome d'une trilogie, nous est offerte une histoire à échelle humaine, ou plutôt devrait-on dire simiesque, intime et character-driven. 50% western (!), 50% péplum (!), 100% film de guerre biblique.

MATT REEVES RELOADED

L'entrée en matière a tôt fait de rappeler que la qualité, plus impressionnante que jamais, des effets spéciaux n'est rien sans le talent de Matt Reeves car c'est sa mise en scène, sobre mais sincère, mariée à la lumière "naturaliste" de Michael Seresin, qui impose l'immersion au sein d'un monde ne s'apparentant même plus à de la science-fiction, dense (toutes les espèces) et bourré de détails (les inscriptions sur les casques, les stratégies, etc.) qui participent à l'impression d'authenticité. Des images de synthèse aux sentiments, tout paraît véridique. La véracité de l'exécution était nécessaire pour relater de façon poignante le parcours de César. Après une scène de guerre qui n'a rien à envier à l'introduction du précédent opus, ou à bien des films du genre, Reeves surprend en se posant et en suivant la quête d'une petite équipée de personnages et cette première heure est sans doute la plus forte du film parce que la plus proche des personnages. Exploitant son postulat particulier, Reeves mutiplie les scènes muettes où il laisse les images parler. Parce que ce qui passe dans les regards de Maurice l'orang-outan et Nova la jeune fille se passe de mot.

APE-POCALYPSE NOW

En passant de Josey Wales hors-la-loi à Spartacus meets La Grande Évasion/Le Pont de la Rivière Kwai, le film adopte une intrigue plus conventionnelle dans sa deuxième heure mais le récit, qui cite autant l'Ancien Testament que Joseph Conrad, parvient à raconter une simple histoire de vengeance au sein d'un conflit à l'échelle darwinienne. C'est d'ailleurs lorsque la petite histoire trouve écho dans la grande, par le biais de la caractérisation du simili-Kurtz interprété par Woody Harrelson - pour une fois, les personnages humains, qui plus est les antagonistes, ne souffrent pas de carences d'écriture - que le propos du film sur l'inanité de la loi du talion, et d'autres préceptes sacrificiels bibliques, se fait jour. Et César devient Moïse. La Planète des singes - Suprématie peut se permettre d'être peu loquace, non seulement parce qu'il en impose, régulièrement badass, mais aussi parce qu'il a un cœur gros comme ça. C'est un film où le moindre second rôle, qu'il s'agisse d'un bras droit gorille ou d'un Gollum macaque servant de comic relief, s'avère touchant. Et dans le paysage actuel, un blockbuster aussi mature et incarné, c'est admirable.

par Robert Hospyan

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