Peau d'ange

Peau d'ange
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Peau d'ange
France, 2002
De Vincent Perez
Scénario : Vincent Perez, Karine Sylla
Avec : Dominique Blanc, Valeria Bruni-Tedeschi, Guillaume Depardieu, Olivier Gourmet, Morgane Moré, Karine Sylla
Durée : 1h25
Sortie : 09/10/2002
Note FilmDeCulte : **----

Extrêmement travailleuse, et disposée à n'offrir que du bien à autrui, Angèle n'est encore qu'une toute jeune fille lorsqu'elle quitte le cocon familial pour travailler. Comparable à une sainte, elle est naïve et dévouée; aussi son rapport à la vie s'en trouvera t-il bouleversé après une unique nuit passée dans les bras d'un inconnu. Désormais, Angèle est prête à tout pour retrouver cet amour qu'elle croit innocent.

Vincent Perez a probablement de belles ambitions en réalisant ce film où poésie et émotions constituent un réel parti pris. L'ensemble de la narration est fondé sur la pureté de cette jeune Angèle qui découvre la vie dans ce qu'elle a de plus abrupt. Le réalisateur la présente ainsi au cours d'une jolie introduction où il décrit la situation des personnages et installe d'emblée la force des sentiments. La mise en scène douce et fluide, jointe aux tons pastels des images, immerge d'ores et déjà le spectateur dans un bain de poésie. Malheureusement, la lourdeur s'immisce petit à petit dans le récit malgré le jeu plaisant des comédiens.

Les dommages apparaissent quand Angèle s'installe dans une demeure bourgeoise en tant que domestique. La portrait de la famille et du milieu aisé dans lequel vivent ces gens évolue rapidement vers la caricature de mauvais goût, estompant déjà quelque peu la relative fraîcheur du film. Puis, rapidement, Angèle fait la rencontre de Grégoire, un jeune homme plein d'aplomb un peu paumé qui lui fait tourner la tête. Il connaît à peine Angèle, mais, endeuillé par le décès de sa mère et nécessitant prestement du réconfort, la force littéralement à coucher avec lui. Voilà le premier rapport sexuel de la jeune fille qui, pour exprimer les choses crûment, s'est quasiment faite violer. Mais, telle la sainte qu'elle représente, Angèle comprend le désarroi de son partenaire et s'empresse de l'apaiser. La gentillesse, ou plutôt le sentimentalisme du personnage en devient lassant. Le réalisateur exploite t-il là le désordre des sentiments amoureux? Ou le scénario est-il tout simplement incohérent?

Le couperet s'abat vraiment sur le film quand Angèle, suspectée d'avoir tué un homme, se retrouve incarcérée sans aucune preuve à l'appui. Le film tourne rapidement au ridicule, exploitant les incohérences les plus grossières. Comment ce film si poétique peut-il virer d'un coup au drame social sans transition? La situation de départ perd toute sa crédibilité et son homogénéité. Le ton du film est perdu, laissant place à la stupéfaction du spectateur. C'est auprès d'une communauté de religieuses qu'Angèle finira par s'établir à sa sortie de prison. Elle ne devient pas religieuse, mais en adopte les attitudes. Elle établit tout en fonction de ses sentiments et de ses émotions, tout y passe, les violons, l'eau de rose... Peau d'ange en devient malheureusement navrant.

Le premier long métrage de Vincent Perez est donc loin d'être réussi, mais il faut cependant lui reconnaître un probable gros travail de préparation fourni en amont. Restons donc indulgent avec ce réalisateur, d'autant que la source du problème se trouve très certainement dans le scénario qui, écrit par sa femme Karine Sylla, ne trouve peut-être pas autant d'échos qu'il ne le pense, en sa propre personne.

par Yannick Vély

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