Pardevant notaire

Pardevant notaire
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Pardevant notaire
France, 1999
De Sophie Bruneau, Marc-Antoine Roudil
Durée : 1h12
Sortie : 13/10/2004
Note FilmDeCulte : ****--

Quatre histoires tressées d’inventaires, de ventes et de successions, pour un huis clos notarial saugrenu bien profond dans la France.

NOTAIRE EN NOS TERRES

Cinq ans que cette petite merveille de documentaire traînait dans les tiroirs d’ADR Productions. Après une sélection méritée au festival international du documentaire de Marseille/Fictions du Réel, Pardevant notaire arrive enfin, confidentiellement certes, sur nos écrans. Bonne nouvelle donc, pour le film de Marc-Antoine Roudil et Sophie Bruneau, simili Striptease chez le notaire, mécanique bien huilée en douce valse terroir à deux temps – tantôt grave, tantôt cocasse. Les ingrédients sont connus et toujours efficaces: casting impayable (paysans rougeauds, secrétaires lymphatiques et surtout notaire dandy posé en rase campagne précieusement ridicule, en pull Lacoste, chapeau de Sherlock Holmes, pardessus élégant, écharpe soyeuse et barbe bien taillée) et dialogues de sourds (voir cette dame âgée en habits du dimanche, qui s’empresse, une fois ses mesquines affaires notariales réglées, de chanter les louanges de son thésard de fils, à un notaire qui n’en fait guère cas).

Mais si Pardevant notaire se drape des mêmes atours que l’illustre et increvable émission belge, c’est pour mieux en faire dérailler la philosophie. En effet, si l’on croit reconnaître le dispositif documentaire censément objectif ratifié par Marco Lamensch et Jean Libon (caméra transparente, absence de commentaires), l’on s’aperçoit rapidement que l’œil de Roudil et Bruneau ne se veut aucunement sociologique. Le dispositif filmique ne cherche pas à disparaître, voire fait tout pour être remarqué (voir les scènes de nuit où la lumière des spots détoure les silhouettes avec violence), jusqu’à profiter vicieusement du malaise induit par la présence de l’objectif venu au spectacle. Témoin cette scène de gêne muette dans une salle d’attente étriquée, où les deux partis s’observent en chien de fusil, jetant timidement quelques regards vers une caméra dont la présence se fait pesante. De fait, contrairement à la RTBF, Pardevant notaire ne déshabille pas, mais oblige chacun à se rhabiller maladroitement, pour ne pas apparaître à l’écran dans une nudité plouc. On peut considérer ce jeu de massacre comme cruel et s’en offusquer. Ou savourer, hilare, ce laconique miroir déformant.

par Guillaume Massart

En savoir plus

L’alliance Marc-Antoine Roudil et Sophie Bruneau avait déjà donné le remarqué Arbres en 2001.

Partenaires