Cannes 2015 : L'Ombre des femmes

Cannes 2015 : L'Ombre des femmes
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Ombre des femmes (L')
France, 2015
De Philippe Garrel
Scénario : Philippe Garrel
Avec : Clotilde Courau, Stanislas Merhar
Durée : 1h13
Sortie : 27/05/2015
Note FilmDeCulte : ****--
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Pierre et Manon sont pauvres. Ils font des documentaires avec rien et ils vivent en faisant des petits boulots. Pierre rencontre une jeune stagiaire, Elisabeth, et elle devient sa maîtresse. Mais Pierre ne veut pas quitter Manon pour Elisabeth, il veut garder les deux.

L’OMBRE DU MÂLE

Une quarantaine d’années après y avoir présenté son premier long métrage Le Révélateur, Philippe Garrel revient à la Quinzaine des Réalisateurs qu’il ouvre avec L’Ombre des femmes. Les motifs de L’Ombre des femmes sont bien connus du cinéma de Garrel, de figures d’artistes en amours damnées. Pierre et Manon vivent chichement, ils sont documentaristes et leur appartement ressemble à une caravane en désordre. Un jour, Pierre rencontre et s’attache à une autre femme. Ce qui pourrait ressembler à une parodie de film d’adultère à la française est transfiguré par la sensibilité du cinéaste, ici aidé notamment par Jean-Claude Carrière qui fait partie des coscénaristes du film.  

Garrel commente : "Le film est sans doute fait du point de vue d’un homme, mais d’un homme qui va voir ce qui se passe du point de vue des femmes". Stanislas Merhar, qui incarne Pierre, n’a pas le beau rôle, et se transforme peu à peu en infecte crevure d’une lâcheté et d’une misogynie inouïes. Dans L’Ombre des femmes, ceux qui jouent au héros (dans la vie comme pour la caméra) sont parfois de véritables salauds. L’Ombre des femmes ne flirte pas avec le fantastique comme pouvaient le faire La Frontière de l’aube ou Un été brûlant. Il y a, à l’image de La Jalousie, quelque chose de plus simple, plus épuré, plus quotidien dans ce court récit de trahisons qui rendent fous, où l’on se vampirise, où l’on ne reconnait plus le parfum de l’autre.  

Dans L’Ombre des femmes, les femmes et les actrices sont particulièrement mises en lumière. Débutante au cinéma, Lena Paugam et son physique à la Marina de Van est une vraie révélation. Quant à Clotilde Courau, renversante de vérité, on ne l’a tout simplement jamais vue aussi bonne. Elles sont à fleur de peau dans ce 35mm sensuel et vibrant, où l’ombre gagne un mur repeint en blanc et où l’on craint de voir ce qui se passe à travers une vitre entièrement noire. La beauté formelle est discrète mais réelle, un équilibre fragile que l’on retrouve également dans ce mélange permanent de vraie-fausse simplicité. Le film est très court, minimaliste, s’achève vite, mais il y a toujours ce trouble qui donne une profondeur en plus, entre ce qui se passe mentalement et ce qui arrive réellement.

par Nicolas Bardot

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