Les Nuits rouges du bourreau de jade

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Hong Kong, de nos jours. Carrie est obsédée par les châtiments du Bourreau de Jade. Exécuteur du premier Empereur de Chine, il torturait ses victimes à l'aide de redoutables griffes et d'un poison provoquant un plaisir extatique mortel. Avec la complicité de son amant, elle explore des perversions sadiques inouïes et rêve de redonner vie à la légende en mettant la main sur la potion maudite. Surgit alors Catherine, une Française recherchée par Interpol et détentrice à son insu du précieux élixir, caché dans une antiquité qu'elle entend bien écouler. Le destin les réunit par l’entremise de Sandrine, trafiquante d'art, tandis que l’objet brûlant suscite aussi la convoitise d’un mafieux taïwanais, Monsieur Ko.

CET OBSCUR OBJET DU DÉSIR

Une nouvelle fois, le mélange des genres vient frapper à la porte de nos rétines et de nos sens en convoquant également tout un pan de notre cinéphilie. Tout ça pour composer un projet qui échappe à beaucoup de règles connues mais liées dans une unité logique et quasi implacable. Pas mal pour un premier long non? Et même si Carbon et Courtiaud, français exilés en Chine depuis belle lurette, tâtent de la mise en scène pour la 1ere fois (leur court-métrage Betrayal n’est qu’une préquelle test de ces Nuits rouges…), il ne faut pas oublier que les deux bonshommes n’en sont pas à leur premier fait d’armes et qu’ils ont quand même à leur actif quelques scripts pour la crème du ciné hong-kongais dont Black Mask 2 pour Tsui Hark ou Running out of time pour Johnnie To. Mais pour aujourd’hui, finies la savate et les poses de super-héros et place à l’érotisme, au giallo et au thriller : une addition quasi naturelle et presque indivisible. En effet, dans une ville obsédante et hypnotisante s’opère une atmosphère érotique à fleur de peau qui glisse tranquillement mais sûrement vers une ambiance de polar à la Melville et de thriller hitchcockien.

Vénéneux, venimeux et/ou sulfureux (nombreux sont les adjectifs pouvant planter leurs crocs dans la chair de ce film), Les Nuits rouges du bourreau de jade met les sens en éveil, comme une sorte de machine à fantasme imprimée sur celluloïd, où la mort fait chambre commune avec le plaisir et où une veuve noire n'ayant cesse de tisser sa toile mortelle confronte une descendante de Kim Novak ayant plus d'une corde à son arc, le tout dans un jeu de séduction fatale et de chantage au féminin dans les milieux sombres de la Chine. À la fois ambitieux et intime, ce récit à la mise en scène hybride et qui ne donne pas dans la facilité (on ne sait jamais qui est la véritable héroïne de l’histoire) fait preuve d'une certaine assurance et ce malgré un manque clair de capitaux qui semble les empêcher d’entrer plus en profondeur dans leur histoire. Mais qu’à cela ne tienne, l’ensemble se suffit déjà à lui-même et cette ode au fétichisme et au Dry Martini (soyez prévenu qu’après ce film, vous ne boirez plus ce cocktail de la même manière) ne pourra pas vous laisser de marbre. Les Nuits rouges du bourreau de jade devrait même vous faire attendre le prochain projet des deux français avec une certaine impatience.

par Christophe Chenallet

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