Festival du Cinéma Allemand: Nuits claires

Festival du Cinéma Allemand: Nuits claires
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Nuits claires
Helle Nächte
Allemagne, 2017
De Thomas Arslan
Avec : Georg Friedrich
Durée : 1h26
Note FilmDeCulte : ****--
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Michael, un ingénieur autrichien, vit avec sa petite amie à Berlin. Pendant des années, il a à peine eu un contact avec son fils de 14 ans, Luis. Quand le père de Michael meurt, son fils et lui voyagent ensemble pour les funérailles qui se tiennent dans le nord de la Norvège...

FAUSSE ALERTE

Un père et son fils se retrouvent après des années de séparation, et à l’occasion d’un deuil dans la famille, entament ensemble un voyage qui va les mettre face à eux-mêmes. Alerte au cliché cinématographique ? Alerte au déjà vu ? Alerte au film-qu’on-devine-entièrement-avant-même-de-l’avoir-vu ? Oui mais non. Car derrière la caméra et derrière le scénario, on retrouve Thomas Arslan, réalisateur de Gold - un western qui prenait déjà des libertés habiles avec les codes du genre. Il y a une quinzaine d’années,  Arslan a été l’un des tous premiers cinéastes à donner naissance à ce qui allait s’appeler l’Ecole de Berlin. A l’heure où Maren Ade, elle aussi affiliée à ce mouvement, a conquis le monde entier avec Toni Erdmann, il est justement passionnant de voir évoluer l’œuvre de ces auteurs radicaux. Arslan ne compromet pas son exigence avec Nuits claires : à l’intérieur d’un cadre certes balisé, il déploie son talent pour une sobriété remarquable, pour un mystère subtil.

Le pitch de Nuits claires pourrait donner lieu à bien de leçons de vie dignes d’un slogan publicitaire. Or Arslan n’est justement pas du genre à donner des réponses toutes faites : si les protagonistes ont appris quelque chose à la fin de leur voyage, on n’en saura rien. De leur passé, des raisons de leur séparation, on ne saura également pas grand-chose. Nuits claires est économe en dialogues, mais surtout économe en dialogues explicatifs et psychologiques. Cela a toujours été l’un des crédo de l’Ecole de Berlin, un réalisme intransigeant jusque dans les dialogues, qui doivent sonner comme une vraie conversation et non pas comme un manuel pour comprendre les personnages. Arslan s’approprie le genre du « film de réconciliation familiale » non pas en dynamitant, mais en le dégraissant de tout superflu. Pas de scènes de colère, pas de larmes, ce qui n’empêche pas les sentiments d’être bel et bien présents à l’écran.

Nuits claires laisse autant de place aux secrets familiaux qu’à l’observation de la nature. Mais paradoxalement, c’est moins dans le but de créer des beaux fonds d’écran confortables que de faire là encore légèrement dérailler le film. Lors des deux scènes les plus mémorables du film, le silence se fait, le temps se dilate soudain et les personnages disparaissent carrément du champ, au sens propre comme au sens figuré. Second paradoxe : c’est là, au cœur d’une histoire familiale des plus classiques, que le film se fait le plus émouvant, en touchant du doigt un vrai mystère. Nuits claires retrouve rapidement une route sage, mais on termine le film avec l’impression étrange et grisante d’avoir eu nous aussi, une légère ivresse des sommets.

par Gregory Coutaut

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