Nuits blanches sur la jetée

Nuits blanches sur la jetée
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Nuits blanches sur la jetée
France, 2015
De Paul Vecchiali
Scénario : Paul Vecchiali
Durée : 1h34
Sortie : 28/01/2015
Note FilmDeCulte : ***---
  • Nuits blanches sur la jetée
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Un noctambule se promène chaque nuit sur la jetée du port où il passe une année sabbatique. Il rencontre là une jeune femme qui attend l’homme de sa vie. Quatre nuits, tant réelles que fantasmées, passées avec elle à discourir sur la vie, vont révéler l’amour que cet homme a pour cette femme.

QUAND LA VILLE DORT

Paul Vecchiali, l’un des plus mystérieux réalisateurs français depuis des décennies, ne risque pas avec ce nouveau long métrage de voir se lever le séduisant brouillard qui rend sa filmographie si rare et singulière. Non pas qu’il ne le mériterait pas. Mais tout dans ces Nuits blanches sur la jetée transpire une étrangeté unique. Il peut sembler curieux de parler d’étrangeté pour un film qui parait avant tout conjuguer des choses très françaises. Pas tant cette histoire de tergiversation amoureuse (c’est d’ailleurs Dostoïevski qui est ici adapté), mais plutôt cette manière de faire prévaloir la parole sur l’action, ou plutôt de traiter l’analyse (d’un sentiment, d’un état) comme étant une action en soi. Si l’on ajoute à cela que les deux comédiens sont dirigés avec une élégante artificialité, il devient tentant de relier ces Nuits blanches à une filiation allant d'Eric Rohmer à Eugène Green.

Mais Vecchiali a ici pour horizon un autre paradoxe : celui d’un lyrisme qui découlerait d’un minimalisme pourtant radical. A cet égard, le titre fait presque figure de liste de courses : des nuits, et une jetée, il n’y a presque rien d’autre dans ce film. Deux personnages seulement et leur dialogue presque ininterrompu, parfois presque anachronique ou du moins détaché de tout réalisme contemporain. Félicitations d'ailleurs à Astrid Adverbe et Pascal Cervo (déjà repéré dans Dernière séance) de parvenir à donner vie à un texte parfois aussi improbable. Cette âpreté donne au film sa personnalité mais elle devient parfois aussi un obstacle. Si charmant soit-il, cet artifice permanent (une séquence de danse hors du temps, des lumières fantasmagoriques, une caméra au champ de vision volontairement sobre) prend parfois le pas sur l’émotion qu’il fait naître, et prend toute la place au point de parfois cacher la grâce que l’on sent pourtant poindre régulièrement. De ce curieux ensemble, il reste néanmoins l’impression d’un rêve étrange… comme une nuit blanche.

par Gregory Coutaut

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