No Home Movie

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No Home Movie
Belgique, 2015
De Chantal Akerman
Durée : 1h52
Sortie : 24/02/2016
Note FilmDeCulte : ****--
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Parce que ce film est avant tout un film sur ma mère, ma mère qui n'est plus. Sur cette femme arrivée en Belgique en 1938 fuyant la Pologne, les pogroms et les exactions. Cette femme qu'on ne voit que dans son appartement. Un appartement à Bruxelles. Un film sur le monde qui bouge et que ma mère ne voit pas.

A L’INTÉRIEUR

« C'est l'histoire d'une perte de la mère, mais aussi d'une rencontre avec la mère : ma mère ». C'est en ces termes que la réalisatrice belge Chantal Akerman a présenté son long métrage, No Home Movie, sur la scène du Festival de Locarno où il a été dévoilé. Cette perte et cette rencontre filmées en un même geste constituent l'un des paradoxes à l’œuvre dans ce film, qui oppose régulièrement l'intérieur et l'extérieur, le quotidien et l'impossible, la distance et la proximité. No Home Movie s'ouvre d'ailleurs par un long plan de désert aride, ouvert aux quatre vents. Puis la caméra se resserre : d'abord sur un parc public de Bruxelles, puis sur le jardin privé de la propriété où vit la mère de Chantal Akerman, et enfin son appartement. On entre dans sa cuisine, où les murs en carrelage semblent être ceux du monumental et pourtant minimaliste Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles.

Akerman, comme elle le confie à sa mère, pense que dans le monde d'aujourd'hui, la distance est abolie. Par Skype, les deux femmes sont reliées – peu importe que l'une soit en Belgique et l'autre dans l'Oklahoma. C'est la rencontre et la perte évoquées par la réalisatrice : la distance peut certes être abolie par la technologie, mais l'idée de perte est inévitable lorsqu'on filme comme ici une femme très âgée et qui disparaîtra. Sauf exception, presque par jeu lors d'une discussion sur Internet, la caméra d'Akerman reste à distance, filme parfois de dos. Il n'est nullement question ici d'une mise en scène spectaculaire et mélodramatique de soi, de confessions larmoyantes. Mais la caméra qui tourne finit par capturer quelque chose, lorsque la discussion triviale sur des cornichons dévie sur les souvenirs de la guerre, et de la fuite de la Pologne par la mère. La gestion du temps est parfois éprouvante – c'est, semble t-il, l'effet désiré. L'approche conceptuelle est stimulante pour qui saura s'y abandonner. Et finit par émouvoir sans le chercher, lorsqu'en fin de film s'opposent (encore) des plans de grands espaces, et l'appartement nu et désolé.

par Nicolas Bardot

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