Nina Santa (La)

Nina Santa (La)
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Nina Santa (La)
Argentine, 2004
De Lucrecia Martel
Scénario : Juan Pablo Domenech, Lucrecia Martel
Avec : Maria Alché, Carlos Belloso, Mercedes Moran, Alejandro Urdapilleta, Julieta Zylberberg
Durée : 1h50
Sortie : 15/09/2004
Note FilmDeCulte : ****--

Amalia, adolescente abrutie de catéchisme, habite avec sa mère à l’hôtel Termas. A l’occasion d’un congrès de médecins, Amalia croise le docteur Jano, la quarantaine libidineuse, qui profite d’un mouvement de foule pour se permettre un geste déplacé. Amalia va se fasciner pour cet accès de sensualité impromptue, qu’elle voit comme l’occasion de sauver un homme du péché.

LES ONDES MARTEL

On pourrait essayer de ne pas voir en La Niña Santa un second film. Ce pourrait même être un avantage de taille pour que réellement se déploie le métrage dans tout ce qui en fait sa personnalité propre. A savoir, avant tout, une ambiance, une température, toute de moiteur, de pulsions contenues, parées à déborder. Mais dans le rétroviseur de La Niña Santa, impossible de ne pas voir La Ciénaga, noir joyau dévastateur venu d’Argentine et premier vrai fait d’arme de la surdouée Lucrecia Martel. Où l’on rencontre donc l’obstacle récurrent du deuxième film, celui où tout se joue, sur lequel nombre de nez se cassent, même armés des meilleures intentions. Et beaucoup de voix auront tôt fait de s’élever pour clamer que celui de Martel ne manque pas de s’y heurter aussi. De la plus belle des manières, cependant: non pas que Martel déçoive en ne confirmant pas le statut d’auteur qu’on n’avait pas tardé à lui ériger depuis 2001. Au contraire: Martel semble à certains égards incapable de remettre son ouvrage sur le métier et l’on ne saurait dire si c’est un tort. Corps plongés dans une piscine morveuse, tiédeur sensuelle prégnante, inquiétants visages d’anges encastrés, hiératique science du cadre plein… A priori, La Niña Santa fleure la redite aqueuse au son sinueux des ondes Martenot.

EN EAUX DURES

Voilà la limite de La Niña Santa, ou sa force, selon que l’on adhère aux obsessions ici approfondies, ou non. D’aucuns s’inquièteront donc de l’apparent ronron prématuré d’une bonne élève trop consciente de son adresse, quand d’autres se fascineront pour une œuvre venant solidifier une charpente résolument personnelle et déjà finement soignée. Resteront ceux qui avaient cru déceler une satire politique en La Ciénaga et n’en trouveront plus vraiment trace ici (ils compenseront peut-être par une réflexion sur les interdits et l’hypocrisie religieuse). Et les derniers, ceux qui ont oublié ou n’ont rien vu venir. Pour ceux-là, un autre film est possible, où se mêlent les influences, des plus évidentes (Almodóvar, bien sûr, qui produit le film), aux plus étonnantes (l’on passe allègrement, pour une fulgurance au détour d’un sous-bois, du climat général intimiste à une ambiance de slasher façon Dernière Maison sur la gauche), en un tout qui, certes, ne cherche pas à se montrer aimable envers son spectateur, mais sait le gratifier s’il se montre exigeant. Une étanche moiteur: l’oxymoron est tentant – il sonne aussi assez vrai, aussi ne se privera-t-on pas d’une telle coquetterie.

par Guillaume Massart

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