Les Bruits de Recife

Les  Bruits de Recife
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Bruits de Recife (Les)
O Som ao Redor
Brésil, 2012
De Kleber Mendonça Filho
Scénario : Kleber Mendonça Filho
Durée : 2h04
Sortie : 26/02/2014
Note FilmDeCulte : ***---
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La vie dans un quartier de classe moyenne de Recife, au Brésil, prend une tournure inattendue après l'arrivée d'une agence de sécurité. La présence de ses hommes apporte un sentiment de sûreté. Pendant ce temps, Bia, mariée et mère de deux enfants, doit trouver un moyen de faire face aux aboiements constants du chien des voisin...

LA FÊTE DES VOISINS

Étrange Brésil. Quelque temps après la sortie sur nos écrans du très prometteur premier film de Juliana Rojas et Marco Dutra, Travailler fatigue, le festival de Rotterdam a été chercher cette autre curiosité brésilienne, sortie elle aussi d’on ne sait trop quel curieux imaginaire. Le rapprochement entre ces deux films n’est pas que géographique : Kleber Mendonça Filho fait miroiter dans son film une inquiétante étrangeté, d’une manière similaire à celle de Rojas & Dutra, c'est-à-dire sous le masque du quotidien le plus tangible. La vie quotidienne et banale de ce groupe de voisins est en effet ponctuée de mini séquences choc hors-récit, visions furtives et hallucinées : une chute d’eau se transformant en douche de sang, une maison cambriolée non pas par un ou trois voleurs mais par une cinquantaine en même temps, une mère de famille se masturbant sur sa machine à laver… Ces suspensions hors du réel sont ce que le film a de plus réussi et enthousiasmant, car ces brefs éclats de poésie teintent le récit d’un vrai malaise, et donnent au long-métrage un coté véritablement insaisissable.

Mais à force de glisser entre les mains tel un savon, Les Bruits de Recife passe régulièrement de l’amusement à la frustration. Cette prometteuse cocotte-minute de tension, qui mélange les cauchemars de certains personnages, la paranoïa des autres et la frustration de tout le monde, est sans cesse ralentie par une peinture plus quotidienne d’une vie de quartier pas si extraordinaire que ça, qui débouche sur pas grand-chose, et tourne un peu dans le vide. Comme si l’auteur faisait trop confiance en ses pics d’absurdité et de tension, en leur laissant porter seuls le film entier sur leurs épaules ; comme s’il privilégiait les détails et le geste poétique au détriment de la tenue de l’ensemble. Au final, Les Bruits de Recife donne l’impression un peu décevante de n’être qu'une succession de mini-sketchs et de visions désincarnées, qui aurait pu durer vingt minutes comme trois heures, et on se retrouve face à une question aussi triviale que têtue : de quoi parle justement ce film ? Ce flou est parfois (souvent, même) une richesse, mais c’est ici une réserve plus amère, car cette interrogation ne trouve jamais de dénouement satisfaisant. Les Bruits de Recife fait du surplace. Du surplace joli et acrobatique certes, mais aussi un peu vain et frustrant.

par Gregory Coutaut

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