My Joy

My Joy
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My Joy
Schastye Moe
Ukraine, 2010
De Sergei Loznitsa
Scénario : Sergei Loznitsa
Avec : Victor Nemets
Photo : Oleg Mutu
Durée : 2h07
Sortie : 17/11/2010
Note FilmDeCulte : ****--
  • My Joy
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Un jeune camionneur se perd dans la campagne russe. Il croise un vétéran malheureux, une prostituée mineure, une étrange bohémienne, des policiers corrompus... Plus il tente de retrouver le chemin vers la civilisation, plus il découvre que la force et l’instinct de survie ont remplacé toute forme d’humanité.

VOYAGE AU BOUT DE L'ENFER

L’Ukrainien Sergei Loznitsa s’est d’abord fait connaître par ses documentaires (on se souvient notamment de Blockade, impressionnant montage d’images d’archives du siège de Leningrad pendant le Seconde Guerre Mondiale, dont il avait entièrement reconstitué la bande son), avant de débarquer en compétition cannoise avec son premier long métrage de fiction, le bien mal nommé Mon bonheur. Loznitsa suit l’inarrêtable descente aux enfers d’un routier, traversant des régions oubliées entre Ukraine et Russie, comme prisonnières d’un cauchemar. Car My Joy, dans le rayon damnation de l’est, ferait presque passer le déjà costaud Import/Export d’Ulrich Seidl pour un épisode d’Hanna Montana. Débutant comme une sombre fable picaresque, My Joy va bifurquer et bifurquer encore, de récits en rencontres, de coups sur la tête en réveils hagards, sauts dans le temps et autres réminiscences. Lors d’une scène hypnotisante, le héros arrive dans un village, la caméra le suit, puis l’oublie, filme les visages et les regards, s’accroche au dos d’un homme dont on ne connait la destination, puis suit une vieille femme qui, cahin-caha, traverse un cimetière et disparaît du cadre. Une séquence qui illustre la mécanique narrative refusant la linéarité, jusqu’à, et c’est plus problématique, étouffer toute progression dramatique. Mais Loznitsa impressionne aussi, dans son portrait d’une violence hallucinée (on va jusqu’à penser, d’ailleurs, que le marais d’à côté est frappé d’une malédiction, on imagine des pendus aux arbres de la forêt), violence d’aujourd’hui mais aussi d’hier, dans un monde de loups qui ne semble même plus répertorié sur la carte. Parcours très éprouvant mais qui fournit quelques fulgurances, comme ces derniers instants glaçants en terrible plongée dans les ténèbres.

par Nicolas Bardot

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