Much Loved

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Much Loved
Maroc, 2015
De Nabil Ayouch
Scénario : Nabil Ayouch
Avec : Loubna Abidar
Photo : Virginie Surdej
Musique : Mike Kourtzer
Durée : 1h44
Sortie : 16/09/2015
Note FilmDeCulte : ****--
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Marrakech, aujourd'hui. Noha, Randa, Soukaina et Hlima vivent d'amours tarifées. Ce sont des prostituées, des objets de désir. Vivantes et complices, dignes et émancipées, elles surmontent au quotidien la violence d’une société qui les utilise tout en les condamnant.

LA NUIT ELLES DANSENT

Une bonne partie de Much Loved se déroule de nuit, ce qui n’a rien d’innocent. A travers le portrait à la fois tendre et sans concession de quatre jeunes Marocaines prostituées, Nabil Ayouch tend un miroir à une société qui a parfois du mal à se regarder dans les yeux. Much Loved donne à voir des choses jamais montrées, ou trop souvent refoulées dans le domaine privé : femmes à la sexualité assumée, au langage cru, des lesbiennes et travestis, et partout une absence de honte et de gêne. Lorsque Soukaina, l’une des protagonistes, traverse la ville en taxi en pleine journée, elle la redécouvre comme une étrangère, incapable de reconnaître les lieux où on ne l’autorise à être elle-même qu’en pleine nuit, en cachette.

Much Loved n’est pas tant un film sur la prostitution qu’un film sur la place des femmes, celle qu’on leur donne et celle qu’elles prennent. Extraterrestres dans leurs propres villes, entourées d’une hypocrisie qui fait qu’elles sont à la fois adorées comme des trésors et répudiées comme des pestiférées, ces femmes-là débordent à la fois de liberté et de solitude. Une ambivalence touchante que l’on retrouve jusque dans le titre du film : Much Loved, c'est-à-dire adulées mais aussi aimées jusqu’à la corde, jusqu’à l’épuisement, jusqu’à finalement ne plus pouvoir servir à autre chose. Grâce à un mélange de registres plutôt fin, où se côtoient les considérations sociales, les remarques bitchy et l’humour le plus trash, et surtout grâce au naturel confondant de ses actrices (toutes non-professionnelles), le film rayonne d’une énergie particulière, refusant les pièges de l’utopie béate ou de la victimisation doloriste.

En ce qui concerne la mise en scène, il manque peut-être au film une urgence plus nerveuse pour se placer définitivement dans la même catégorie que les réussites du cinéma philippin récent auxquelles il fait pourtant penser (Quick Change et sa communauté transsexuelle, ou encore les films bouillonnants de Brillante Mendoza). Dans ce portrait de groupe, rien n’évolue vraiment entre le début et la fin, mais ce qui peut faire défaut en termes de tension, Nabil Ayouch le rééquilibre avec succès par une écriture toujours généreuse, qui ne lâche jamais la main de ses héroïnes.

par Gregory Coutaut

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