Motown: la véritable histoire
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Standing in the Shadows of Motown
États-Unis, 2002
De Paul Justman
Scénario : Holt McCallany
Avec : Ben Harper, Montell Jrodan, Joan Osborne
Durée : 1h48
Sortie : 19/11/2003
Detroit, son industrie automobile, son Eminem et son berceau de la Soul. C'est dans cette ville que Berry Gordy décida dans les années 50 de fonder Motown Records. Cherchant à rallier sous son étendard les plus grands noms de la musique noire américaine, il recruta une bande de musiciens talentueux. Surnommés les Funk Brothers, ces artistes virtuoses furent les interprètes des plus grands standards soul du 20ème siècle.
DO YOU GOT SOUL BROTHA?
Laissés sur le bas-côté de l'Histoire musicale, les Funk Brothers, aujourd'hui presque cacochymes, réduits à des performances dans les pianos-bars des hôtels de Detroit, furent parmi les principaux instigateurs de la musique pop occidentale. Dissimulés par la couverture de l'anonymat, ils insufflèrent une âme dans les plus grands tubes de la musique noire des années 60. A partir d'un combo en constante mutation, avide d'expérimentations, les musiciens posèrent les bases d'une musique pop mâtinée d'éléments de Rythm & Blues. Peinant à gagner leur vie en se contentant des cachets de musiciens de studio, les Funk Brothers jouaient chaque soir dans les clubs et tripots de Detroit. Entourés par les vapeurs d'alcool, ils s'aventuraient dans diverses aventures binaires pour coucher le lendemain sur bande magnétique le fruit de leur labeur nocturne. Le son Motown était né.
THE BLIND BOYS OF DETROIT
Profondément inspiré, le documentaire de Paul Justman est une bouffée d'air frais, une goulée musicale rare, un Graal pour mélomane. Il s'attarde sur ces merveilleux Funk Brothers et retrace leur histoire liée à la genèse de Motown, jusqu'au départ du studio pour Los Angeles à l'aube des années 70. Un concert avec les Brothers vieillis et reformés fut donné en 2002 dans leur ville et constitue le fil rouge du documentaire, associé à des interviews et des images d'archives. En prime viennent s'intercaler des séquences filmées pour l'occasion, illustrant les propos et les anecdotes des Funk Brothers actuels. Des invités prestigieux, eux-mêmes fans avoués des musiciens, viennent témoigner de leur amour pour le genre. C'est ainsi que l'on retrouvera Ben Harper, l'excentrique Bootsy Collins du Funkadelic ou Montell Jordan interpréter entre autres standards immortels, tels que I Heard it Through the Grapevine ou le psychédélique cool de Cloud Nine.
INNER CITY BLUES
A l'intérieur d'un film où voguent les fantômes de génies disparus, une question reste en suspend. D'où vient l'état de grâce? Cet instant magique où des artistes d'origines disparates atteignent une symbiose parfaite. Les différents intervenants reviennent sur l'époque, le lieu et l'univers qui les avait conduits là, évoquant les autres membres du groupe, vivants ou morts. C'est au détour des nombreuses séquences joyeuses que le sourire s'efface à l'évocation furtive des tensions raciales qui secouèrent l'Amérique. Les souvenirs enjoués laissent place à une gorge nouée, à des silences éloquents et douloureux. Car l'essence de la soul de Motown se trouve ici; derrière un masque de produit fabriqué et calibré, gît toute la douleur d'un peuple longtemps opprimé. La soul ne peut pas mourir car elle est immortelle.
