Mort de Dante Lazarescu (La)

Mort de Dante Lazarescu (La)
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Mort de Dante Lazarescu (La)
Moartea domnului Lazarescu
Roumanie, 2004
De Cristi Puiu
Scénario : Cristi Puiu, Razvan Radulescu
Avec : Monica Barladeanu, Alina Berzunteanu, Doru Boguta, Mimi Branescu, Ion Fiscuteanu, Luminta Gheorhiu
Durée : 2h34
Sortie : 11/01/2006
Note FilmDeCulte : *****-

Monsieur Lazarescu, 63 ans, vit dans un appartement avec ses trois chats. Un samedi soir, ce dernier ne se sent pas bien. Jusqu'à l'arrivée de l'ambulance, il essaye d'apaiser son mal avec les médicaments qu'il a sous la main. Puisqu'il n'a plus de pilules, il appelle ses voisins en aide.

L’ENFER DE DANTE

Il est des distributeurs courageux. Voyez Bac Films qui, en ce début de janvier encore ballonné de champagne et de dinde grasse, joue la carte risquée du film roumain de deux heures et demie et titré sur trois lignes. Sans parler du pitch, anti-festif au possible: un vieil homme (ce pourrait être votre voisin, ce pourrait être votre grand-père, ce pourrait être vous, moi, nous dans quelques années), agonisant (le titre n’est pas trompeur), bazardé de mains en mains, de voisins moralisateurs en médecins débordés, d’infirmiers généreux mais dépassés en briscards prétentieux… Un épisode d’Urgences au ralenti, donc. Jamais lent pour autant; juste hésitant, perdu, presque fantastique – un After Hours de retraité roumain, en somme. Et un énorme morceau de vie, rythmé, vrai, poignant, et par le fait critique voire satirique; une trépidante course à la mort de l’an deux mille et quelques… Du cinéma, pour tout dire. Très remarqué, le contraire eut été révoltant, lors de son passage à Cannes l’an passé, couronné du très mérité Prix Un Certain Regard, La Mort de Dante Lazarescu place d’emblée très haut la barre qualitative de 2006.

MORT À L’ARRIVÉE

D’une limpidité formelle épatante pour un deuxième film, le métrage de Cristi Puiu enchaîne en effet les situations, intérieures comme extérieures, à huis clos comme mobiles, drôles comme graves… avec une maestria indéboulonnable. On marche, donc, d’un pas décidé, constamment perdu entre les niveaux de lecture et de réception (documentaire? fiction? les deux?), et grisé de l’être, sans que jamais l’ennui ne brise la formidable ampleur quasi-feuilletonnesque de la narration, ni ses implications humaines et politiques, ni la simplicité lumineuse de sa mise en scène. Cristi Puiu pousse même le sans faute jusqu’à éviter, grand Monsieur, de franchir le dangereux mauvais pas qui sépare l’authentique du pittoresque, le réaliste du didactique ou de l’exemplaire. Et ainsi suscite, sans s’appliquer à tirer les larmes, en une suspension d’image digne et brute, une émotion sincère et forte, qui marque et qui poursuit. Essayez donc de souhaiter la bonne année après ça…

par Guillaume Massart

En savoir plus

Le film a reçu le Prix Un Certain Regard au Festival de Cannes 2005 et a largement dominé la sélection du Festival Cinessonne 2005, présidé par Nicolas Klotz, dont, pour l’anecdote, le premier film de fiction, Paria, n’était pas sans rappeler, dans la forme (presque documentaire) comme dans le fond (social), cette Mort de Dante Lazarescu.

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