Mon tissu préféré

Mon tissu préféré
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Mon tissu préféré
France, 2018
De Gaya Jiji
Durée : 1h36
Sortie : 18/07/2018
Note FilmDeCulte : ****--
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Damas, mars 2011. Nahla est une jeune femme célibataire qui mène une vie morne dans une banlieue syrienne, aux côtés de sa mère et ses deux sœurs. Le jour où on lui présente Samir, un expatrié Syrien en provenance des États-Unis à la recherche d’une épouse, elle rêve d’une vie meilleure. Mais tout ne se passe pas comme prévu. Contre toute attente, il décide de se marier à sa cadette, Myriam. Dès lors, Nahla se rapproche de Mme Jiji, une voisine récemment installée dans l’immeuble qui dirige une maison-close deux étages plus haut. Alors que les tensions s’intensifient dans le pays et que la famille est occupée à l’organisation du mariage de sa sœur, Nahla va explorer le monde de Mme Jiji. Un lieu rempli de fantasmes où elle sera confrontée à ses propres peurs et désirs.

LE TISSU DÉCHIRÉ

« Que Dieu maudisse cette époque ! » : cette réplique entendue dans Mon tissu préféré pourrait être celle d’un portrait de femme en souffrance, vivant au Moyen-Orient, ce genre de films parfois un peu mécaniques qu’on voit régulièrement en salles et en festivals. La bonne surprise de ce premier long métrage signé par la Syrienne Gaya Jiji, et qui faisait partie de la dernière sélection d’Un Certain Regard à Cannes, est de suivre une voie qui lui est propre et de privilégier la singularité à la recette. Au portrait sociétal ou au grand constat sur la condition féminine, Jiji semble privilégier une approche plus intime et personnelle.

Mon tissu préféré raconte l’histoire d’une jeune femme qui, en Syrie, rêve d’une vie meilleure alors que débute la guerre civile. Mon tissu préféré joue beaucoup sur le confinement et l’enfermement, dans un appartement ou un autre, dans ce gynécée de femmes fortes mais qui pourtant devront faire face aux bombes. Les images du dehors, brutes, parviennent parfois, et au loin on entend une détonation. « On est déjà morts », entend-on également. Il y a pourtant une part laissée au rêve dans Mon tissu préféré qui surgit presque comme un conte – une sensation chaud-froid étonnante et assez séduisante. Et à l’image parfois terne succède des couleurs bleutées et orangées qui semblent emmener le film ailleurs.

Son héroïne, incarnée par la charismatique Manal Issa, trimbale un mélange de nonchalance et de tristesse, de délicatesse et de mélancolie, à la fois grognonne et rêveuse. On s’accroche à son histoire racontée avec une certaine grâce par Jiji, à l’image de cette belle fin qui, face à l’horizon, respire. Mais en creux subsiste cette question poignante : comment se construire une identité dans un monde qui s’apprête lui à être détruit ?

par Nicolas Bardot

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