Mi$e à prix

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Smokin' Aces
États-Unis, 2006
De Joe Carnahan
Scénario : Joe Carnahan
Avec : Ben Affleck, - Common, Andy Garcia, Martin Henderson, Ray Liotta, Jeremy Piven, Ryan Reynolds
Durée : 1h50
Sortie : 01/08/2007
Note FilmDeCulte : ****--

Les meilleurs agents du FBI sont envoyés à Lake Tahoe pour retrouver Buddy "Aces" Israel, un magicien louche de Las Vegas, et le protéger de Primo Sparazza, un gros bonnet de la Mafia qui offre un million de dollars pour le faire disparaître. Attirés par l'argent, mercenaires, assassins et tueurs à gages de tous horizons débarquent à Lake Tahoe.

APOCALYPSE NOW

Au vu de la bande-annonce, le nouvel essai de Joe Carnahan, attendu au tournant après la découverte Narc, donnait l’impression d’être du sous-Snatch, du sous-Domino,, du sous-post-Tarantino inutile. Néanmoins, le film réserve la surprise, tant au niveau de la forme que du fond. Bien moins barré qu’il n’en a l’air (malgré quelques passages "hors sujet" comme le gamin karateka), Smokin’ Aces (oublions le titre francais une fois de plus simplet) fait preuve d’une fluidité et d’une cohérence impressionnante. La construction s’avère d’ailleurs plutot originale, délaissant l’habituelle structure en trois actes pour fondre exposition, action et développement de l'intrigue dans un même temps (ou presque). On pourrait craindre un bordel ambiant, il n’en est rien. Et pourtant, avant le climax (qui n'est pas la fin pour autant), il n'y a pas de réel personnage principal. Tout est entrêmelé. Peu importe qui joue qui (casting énorme où tout le monde ou presque est à contre-emploi), le film évolue d’un personnage à l'autre sans se perdre et sans que son déroulement ne repose sur ce téléscopage (comme c’est le cas chez un Guy Ritchie par exemple). A ce titre, le film parvient à éliminer de l'équation les personnages de manière à la fois drôle et inventive (voir le deus ex-machina de la scène de la station-service). La superposition des dialogues avec l'action et l'utilisation mesurée du split-screen permettent de rendre ce foutoir assez clair, dans un long crescendo vers son explosion inéluctable, le tout appuyé par la nervosité de la mise en scène, contrastée par une photo ultra léchée. Une forme d'autant plus probante lorsqu'elle se fait plus calme, plus détendue et/ou quand elle souhaite donner plus de poids, de gravité, à un moment précis.

AU COEUR DES TENEBRES

Smokin’ Aces gère aussi bien ses changements de ton, passant d’un humour outrancier (gore, trash, etc.) à des instant plus émotifs, dérangés (la mélancolie de Buddy Israel). On aurait aimé cependant voir ces moments plus fréquents. D'autant que le film cultive une certaine noirceur absente des films cités plus haut. En réalité, le film aurait eu du mérite à essayer d'avoir un peu plus de substance, parce qu'il n'assume pas à 100% (contrairement à Snatch ou Domino) son côté "délire". Du moins, il l’assume jusqu’à l'épilogue, qui vient délibérément donner un sens à la foire qui semblait jusqu'alors dénuée de sens. Le procédé impressionne cependant et met en évidence les propos de son auteur: "Lorsque j’écrivais le film, l’Amérique était en Irak, à la recherche des armes de destruction massive. Où sont-elles? Nous devons les trouver! Saddam va les utiliser contre nous! Etc. Toute cette hystérie axée autour d’informations fausses. Mais nous savions, tout le long, qu’on nous mentait. De l’information erronée naît la violence et qu’en est-il au juste au final? Ca mène à quoi? Et c’est exactement ce que j’ai lu comme critique concernant Smokin’ Aces: ça mène à quoi? Justement, ça mène à ça. S’il y a une allégorie dans le film, c’est ça. Le retournement final n’est pas important du tout. Ce qui est important, c’est ce que le gouvernement a fait plutôt que de s’occuper de son propre peuple". Un discours qui aurait mérité d’être souligné davantage dans le film, qui demeure divertissant et apparaît comme une version plus aboutie du premier long de Carnahan (dispo uniquement en DVD en France), Blood & Bullets, qui lui faisait encore trop post-Tarantino, malgré quelques prémices visibles de sa patte (et déjà l'obsession autour du coeur, que l'on retrouve dans son court métrage BMW Ticker et dans Smokin' Aces), qui se voit ici confirmée.

par Robert Hospyan

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