Miami Vice

Miami Vice
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Miami Vice
États-Unis, 2006
De Michael Mann
Scénario : Michael Mann
Avec : Colin Farrell, Jamie Foxx, Naomie Harris, Gong Li, John Ortiz, Luis Tosar, Tom Towles
Durée : 2h13
Sortie : 16/08/2006
Note FilmDeCulte : ***---

Miami. Deux agents fédéraux et la famille d'un informateur ont été sauvagement exécutés. Une nouvelle enquête commence pour Sonny Crockett et son coéquipier Ricardo Tubbs, avec une certitude: la fuite qui a permis ce massacre en règle provenait des sommets de la hiérarchie... Les deux inspecteurs découvrent rapidement que les tueurs étaient au service de la Fraternité Aryenne, organisation suprématiste liée à un réseau de trafiquants internationaux.

VICE DE FORME

Qu’attendre d’un blockbuster au budget démesurément gonflé notamment pour cause d’intempéries lors du tournage, réalisé par un formaliste de génie à partir d’une série télévisée démodée qu’il a produite vingt-deux ans plus tôt? Réponse: une œuvre à part, un objet invendable auprès du grand public - qui lui a d’ailleurs réservé un accueil plutôt tiède -, à mi-chemin entre le film d’auteur le plus exigeant et le produit calibré pour faire de l’audience. D’un côté, Michael Mann peut être le plus grand cinéaste américain actuel, dont chaque nouveau film (Heat, Révélations, Ali…) approfondit un peu plus l’œuvre et les thématiques, dont la personnalité transpire dans chaque plan, chaque scène; Michael Mann qui prolonge ses expérimentations formelles sur l’image et le son; Michael Mann qui introduit dans son film, comme il l’avait précédemment fait, des scènes romantiques d’une intensité rare. Dans ces moments, le cinéaste retrouve la beauté des plus beaux instants de Heat (la scène où Val Kilmer aperçoit sa femme au balcon, par exemple). De l’autre, un scénario anémique qui, s’il distille une belle ambiance, se révèle dénué de toute surprise, de toute profondeur, de toute personnalité. Comme si Michael Mann, encouragé par le succès de son précédent film (Collateral), avait choisi de prolonger ses expérimentations en épurant encore un peu plus son scénario, voire en le laissant carrément de côté en cours de route.

Cette constatation est d’autant plus triste que l’on sent bien la patte du cinéaste… On s’en doute, même réalisé à partir d’un script anémique, un film de Michael Mann ne peut que dépasser le niveau habituel du blockbuster sans âme, genre dans lequel n’importe quel faiseur aurait inscrit le film. Images HD de toute beauté, personnages élevés au rang d’icône sans jamais apparaître pour autant comme des héros invincibles, puissance des dialogues, gunfight final majestueux, bande-son sublime, etc. Mais le tout ne prend pas, et l’histoire peine à s’inscrire dans un environnement (Miami) dont le cinéaste ne parvient pas à faire un personnage. Malgré la beauté des plans de nuit, et la gestion de l’espace impeccable (chaque plan est d’une lisibilité incroyable), Miami n’est jamais élevé au rang de personnage, comme cela avait pu être le cas avec Los Angeles dans Collateral. Alors on se console devant la réussite de l’interprétation (Jamie Foxx, notamment, est impeccable) et de certains dialogues, devant la beauté des derniers plans, ou l’émotion que dégage l’histoire d’amour… C’est peu, et c’est énorme à la fois. On regrette, et on tripe également. Miami Vice ne plaira qu’à peu de monde, décevra la plupart des spectateurs, c’est aussi ce qui fait son charme et son intérêt. Déception? Un peu… Mais avec Michael Mann à la barre, la déception conserve un peu de panache!

par Anthony Sitruk

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