Mia Madre

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Mia Madre
Italie, 2015
De Nanni Moretti
Scénario : Nanni Moretti
Avec : Margherita Buy, Nanni Moretti
Sortie : 02/12/2015
Note FilmDeCulte : **----
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Margherita est une réalisatrice qui, pour son nouveau film, dirige une star américaine particulièrement pénible. Hors du plateau de tournage, Margherita essaie de faire face aux problèmes de sa vie personnelle, entre la maladie de sa mère et la crise d'adolescence de sa fille.

MÈRE AGITÉE

Clin d’œil ou coïncidence ? L’ouverture du nouveau film de Nanni Moretti ressemble étrangement à l’une des premières scènes de... L’Exorciste ! On y suit une femme décidée, dans le cortège d’une manifestation, avant de réaliser qu’il s’agit en réalité d’un tournage. Plus tard dans le film, des images de la mère de l’héroïne, malade, hébétée et appelant à l’aide au milieu du trafic, offrent un nouveau reflet aussi inattendu que flagrant du long métrage de Friedkin. Deux occurrences trop évidentes pour n’être que le fruit du hasard ? La comparaison s’arrête pourtant ici. Personne ne vient vomir sa purée de pois ou pisser sur la moquette, et hormis un schéma mère/fille inversé, il n’y a pas vraiment de point commun à faire entre les deux œuvres. Margherita, l’héroïne un peu larguée de Moretti, s’occupe effectivement de sa mère malade, mais ce n’est qu’une chose parmi d’autres qui foutent le camp dans sa vie : sa propre fille grandit trop vite, son frère fait tout mieux qu’elle, son couple touche à sa fin et elle doit composer avec un acteur à moitié fou dans le film qu’elle tente de réaliser. Margherita, femme au bord de la crise de nerf ? Pas tant que ça.

« Fais quelque chose de nouveau, brise au moins un seul de tes schémas mentaux », lui conseille-t-on à propos de son nouveau projet de réalisatrice. Ironique d’entendre cela dans un film de Nanni Moretti qui, après des films en forme de journaux intimes à la première personne, est revenu à une forme de cinéma nettement plus convenue, pour ne pas dire fade. Certes le réalisateur transalpin ne joue pas ici le personnage principal, mais il s’est quand même octroyé un beau rôle : celui du frère tellement parfait qu’il n’a même pas besoin de se vanter de ses réussites. A lui la sagesse, à sa sœur de se remettre profondément en question si elle veut être heureuse. Or le trajet intime de Margherita est un slalom mou entre les épreuves. Une tergiversation sans relief qui émeut peu. Les scènes comiques apportent une certaine respiration autant qu’elles fatiguent. La faute à John Turturro qui cabotine comme en pleine commedia dell’arte, comme pour mieux imprimer la pellicule à force de surjeu.

De par le métier de Margherita, il est en effet beaucoup question de cinéma dans Mia Madre. Dommage qu’en termes de mise en scène et d’écriture, ce soit le film de Moretti dans lequel il y ait précisément le moins de cinéma. C’est sans doute son film dans lequel son égo est le moins présent, mais paradoxalement, c’est aussi son film le plus banal. Même les nombreuses scènes de rêves demeurent plates, sans mystère ou émotion. Malgré une actrice principale à la retenue efficace, et malgré un louable mélange de registre, Mia Madre reste trop superficiel pour émouvoir durablement, et s’inscrit dans la trop grande famille des magnifiques-portraits-de-femme à l’eau tiède. L’humilité n’est pas un exercice dans lequel tout le monde excelle avec aisance.

par Gregory Coutaut

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