Marie et le loup

Marie et le loup
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Marie et le loup
Belgique, 2004
De Eve Heinrich
Scénario : Eve Heinrich
Avec : Marc Barbé, Marc Betton, Patrick Dell'Isola, Dominique Frot, Zaïda Ghorab-Volta, Vincent Martin
Durée : 1h30
Sortie : 24/03/2004

Marie est à une fête foraine provinciale en compagnie d’un couple de ses amis. Tous trois montent à bord d’un train fantôme, qui tombe en panne au milieu du trajet. Marie sort de son wagon et cherche la sortie. Là, elle tombe sur un couple en train de faire l’amour. Elle ne distingue pas le visage de la femme, mais l’homme, Robert, la regarde droit dans les yeux. Marie s’enfuit, mais Robert la suit et s’installe dans sa vie… de gré ou de force.

ELLE A VU LE LOUP

On imagine aisément ce qui a pu motiver Arte France Cinema en soutenant ce premier film. Volonté d’auteur de traiter du thème du conte en le conjuguant au présent, scénario très écrit, symboliques appuyées, direction d’acteur a priori audacieuse… Tout ceci aurait pu concourir à faire de Marie et le loup un objet curieux, perdu quelque part entre le mésestimé Les Amants criminels et le surestimé La Vie nouvelle. Hélas, Eve Heinrich n’a, de Ozon et Gandrieux, ni la souplesse narrative et l’étrange légèreté de l’un, ni la recherche visuelle et la crudité brute de l’autre. Quant à l’univers des contes dont il affirme relever, Marie et le loup ne retient qu’un titre finalement mensonger. Car les ogres, vilains loulous et autres loups de la fabrique à monstres des frères Grimm, sont censés susciter une crainte viscérale, motivée par leur marginalité et leur singularité. Or, dans le monde tel que Eve Heinrich le filme, les victimes sont forcément féminines et impuissantes – rappelant en cela le dolorisme d’un Dogville, en beaucoup moins subtil et franchement plus navrant, bien évidemment – et les hommes, machistes et fats, leurs bourreaux. De cette interprétation erronée des thématiques du conte, qui se veut pourtant liée à leur manichéisme variable ainsi qu’à leur caractère ostensiblement sexué, on ne retire qu’un agrégat de grosses ficelles visuelles et narratives (train fantôme, robe rouge sang, course à travers les champs de maïs), qui se voudraient fantastiques et ne sont au final que ridicules. Noyez le tout dans une photo d’une laideur consommée, une interprétation en roue libre et une musique insupportable, et vous aurez l’impression que Le Petit Poucet de Dahan avait tout du chef-d’œuvre. Oui, c’est à ce point.

par Guillaume Massart

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