Marguerite et Julien

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Marguerite et Julien
France, 2015
De Valerie Donzelli
Scénario : Valerie Donzelli, Jérémie Elkaïm
Avec : Anaïs Demoustier, Jérémie Elkaïm
Durée : 1h50
Sortie : 02/12/2015
Note FilmDeCulte : *-----
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Julien et Marguerite de Ravalet, fils et fille du seigneur de Tourlaville, s’aiment d’un amour tendre depuis leur enfance. Mais en grandissant, leur tendresse se mue en passion dévorante. Leur aventure scandalise la société qui les pourchasse. Incapables de résister à leurs sentiments, ils doivent fuir…

AMOUREUX MOUS

Il y a des cinéastes qui parviennent à utiliser l’artifice comme élément narratif pour mieux parler du réel et mieux émouvoir (c’est le cas pour des cinéastes aussi divers qu’Eric Rohmer ou Gregg Araki, par exemple), et d’autres chez qui le style sert plutôt de cache-misère toc et gratuit, sans lien réel avec le scénario. Valérie Donzelli possédait jusqu’ici une filmographie funambule, où l’on ne savait trop si le style (tout en décalages impromptus et fantaisie low-cost) servait ou étouffait réellement les destinées de ses personnages. Avec Marguerite et Julien, la réalisatrice tombe cette fois franchement dans la seconde catégorie. Pourtant, passé quelques surprises enfantines, ce nouveau film est moins chargé en effets cocasses que Main dans la main ou même La Guerre est déclarée. En effet, Donzelli adapte ici pour la première fois un scénario écrit par un autre. En l’occurrence un scénario proposé à François Truffaut il y a quarante ans.

Truffaldienne, Valérie Donzelli ? Les clichés la qualifiaient plutôt jusqu’ici de Rohmerienne. Malgré tous ses défauts, Marguerite et Julien devrait avoir au moins le mérite de tordre enfin définitivement le cou à cette comparaison fausse et grotesque, qu’elle-même a d’ailleurs elle-même déjà réfutée à demi-mots. Trop gesticulant pour rappeler l’auteur du Dernier métro, l’ensemble n’a jamais non plus la grâce amusée des Contes moraux. Le film aurait le mérite d’obéir à sa propre recette si celle-ci donnait un résultat interessant. Or le plus cruel dans cette histoire d’amour incestueuse, c’est qu’il n’y a pas le moindre début de passion à l’écran. Donzelli a beau balancer du Vivaldi à fond sur des images de vagues qui s’écrasent, l’électrocardiogramme amoureux reste plat, plat, plat.

Dans le cadre de la compétition cannoise, Marguerite et Julien souffre bien sûr de la comparaison avec Carol. Sans musique, sans dialogues explicatifs, sans aucun effet de style, Todd Haynes parvenait dès la scène d’ouverture à rendre terrassante l’histoire d’amour entre ses protagonistes. Or, sans sa musique envahissante, le film de Donzelli est aussi creux et tiède qu’un verre d’eau. Une fausse fantaisie terne où le cinéma se fait désespérément désirer. Si certaines idées et décalages fonctionnent un temps (anachronique, le film superpose l’époque des contes avec celle des films de Truffaut, bien vu), ils finissent par créer une emphase d’autant plus pénible qu’elle ne débouche sur rien. De ce naufrage, on sauve la toujours juste Anais Demoustier, qui relève le niveau face au toujours décevant Jérémie Elkaïm. L’amour fou ? Plutôt l’amour mou.

par Gregory Coutaut

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