Forum: Maquinaria Panamericana

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Maquinaria Panamericana
Mexique, 2016
De Joaquin del Paso
Durée : 1h28
Note FilmDeCulte : ****--
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Un samedi matin ordinaire dans les locaux de la Maquinaria Panamericana, une entreprise spécialisée dans les machines de construction et de destruction. Les employés se préparent au week-end tant attendu mais un événement inattendu brise leur monotonie. On a trouvé le corps de Don Alejandro, le patron. Cette découverte bouleverse tout, l’entreprise est en banqueroute et les travailleurs les plus âgés n’ont aucune perspective d’emploi et personne n’aura de compensations pour le travail fait. Dans un état de confusion, de peur et de tristesse, les travailleurs décident de s’enfermer dans leur lieu de travail...

TRAVAILLER FATIGUE

Il y a 5 ans, plus au sud de l'Amérique Latine, les Brésiliens Juliana Rojas et Marco Dutra nous prévenaient : Trabalhar Cansa - travailler fatigue. Travailler rend fou également, si l'on en croit le premier film barjo du Mexicain Joaquin del Paso. Maquinaria Panamericana est une satire anar et surréaliste qui se déroule dans le monde du travail, plus précisément dans une boite dont le patron vient de mourir. Les employés vont alors se mettre à courir dans tous les sens comme des poulets décapités. Mais dès les premiers instants, Joaquin del Paso installe un climat mi-absurde mi-inquiétant. On frappe les trois coups (et même un peu plus) comme au théâtre, on est censé se réjouir parce qu'aucun accident n'a eu lieu depuis 20 jours (champagne). Des messages enjoués sont diffusés par haut parleur, les collègues se font des farces, on accroche des posters de lolcats. Mais derrière le sucre-glace, il y a quelque chose de plus macabre.

Joaquin del Paso se distingue par une écriture au ton peu banal : après un postulat mordant (le boss est mort, et on a vite fait de mettre sa mort sur le dos des employés), Maquinaria Panamericana est une longue descente dans l'absurdité, humour à froid et burlesque décalé, qui n'est jamais éclairée par de rassurantes explications. Il y a du ludisme dans ce craquage rigolo, comme une réunion Maaf qui tournerait mal, comme si les Muppet Babies foutait le dawa dans le dos de Nounou chaussettes-rayées, comme si vous aviez laissé vos Sims s'éclater trop longtemps dans une maison fermée à double tour. Del Paso, derrière la gaudriole à potion magique et rouleaux de PQ, donne à voir un mur infranchissable entre ce monde de l'entreprise hors de contrôle et le monde réel, juste à la porte. La dépression est au programme des polycopiés de réunion de travail. Fantaisiste, ironique et déroutant, Maquinaria Panamericana ne se sent pas obligé d'en parler avec pathos et lourdeur.

par Nicolas Bardot

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