La Maison des ombres

La Maison des ombres
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Maison des ombres (La)
Awakening (The)
Royaume-Uni, 2011
De Nick Murphy
Scénario : Nick Murphy, Stephen Volk
Avec : Rebecca Hall, Imelda Staunton
Durée : 1h47
Note FilmDeCulte : *****-
  • La Maison des ombres
  • La Maison des ombres

Angleterre, 1921. Trois ans se sont écoulés depuis la fin de la Première Guerre mondiale. L'écrivain et scientifique Florence Cathcart est la meilleure chasseuse de fantômes du pays. Elle est invitée par Mallory, un mutilé de la Grande Guerre, à venir à la campagne dans le pensionnat où ce dernier est enseignant pour enquêter sur une mort mystérieuse attribuée à l'esprit maléfique d'un enfant. À l'aide d'une caméra, de pièges à fil et d'enregistreurs, Florence en vient rapidement à la conclusion qu'il existe une explication logique derrière cette tragédie. Mais ses convictions rationnelles sont mises à rude épreuve lorsqu'une nuit, elle se retrouve confrontée à l'apparition terrifiante d'un spectre.

Un pensionnat, des enfants fantômes maléfiques, une héroïne jolie, courageuse mais terrifiée : on a l’impression d’avoir vu ça cent fois. Et c’est un peu vrai. Mais la scène d’ouverture nous place sur un autre registre : cette héroïne a fait son métier de la détection des charlatans et autres piégeurs qui s’amusent, pour de l’argent ou pour le pouvoir, à faire croire aux autres que les fantômes existent et que l’on peut communiquer avec eux. Ainsi, on nous laisse d’abord penser que Florence, le personnage principal, est une jeune veuve éplorée cherchant à joindre son amant décédé, mais on bascule vite sur l’image d’une femme au contraire solide, décideuse, et pleine de ressources. Rebecca Hall (Vicky Cristina Barcelona, Le Prestige) incarne avec la force gracieuse qu’on lui connaît les facettes de cette rationaliste un peu trop sûre d’elle.

Pour le reste, on n’évite pas les passages obligés : la femme âgée un peu mystérieuse (Imelda Staunton), l’homme désirable mais torturé (Dominic West), les enfants cruels entre eux, et bien sûr toutes les scènes de tension à la recherche d’un fantôme à travers les dédales obscurs d’une immense maison. Réalisation classique, plans choc pour faire sursauter le public, tout y est, et parfois cela en devient si prévisible que l’on pourrait s’ennuyer… si ce n’étaient, çà et là, de petits détails incongrus, à l’arrière-plan, qui surgissent de nulle part, tels une chaussure sur un parquet, un lapin habillé, des maisons de poupée troublantes.

Films de fantômes et brodages psychanalytiques font toujours bon ménage, et ici, sans dévoiler l’histoire, c’est bien là que se cache la puissance évocatrice de cette Maison des ombres. D'autant que la période s'y prête, et que l'accent est clairement mis sur les troubles de l'inconscient collectif peu après la Première Guerre Mondiale. L’enfant fantôme, l’une des créatures les plus horribles, est toujours lié à l’oubli, aux souvenirs lointains qui, même enfouis, terrifient plus que tout au monde. La dernière partie du film s’amuse à mettre en scène son puzzle de façon convaincante, et se transcende à cette occasion, devenant même, pour une fois, franchement originale, et ouvrant les vannes à toute l'émotion contenue depuis le début. Néanmoins dénué de toute virtuosité, le film pourra laisser sur leur faim les spectateurs avides de davantage de sensations fortes et de nouveautés apportées au genre.

par Anne Mourand-Sarrazin

Commentaires

Partenaires