Séoul Hypnotique: Madonna

Séoul Hypnotique: Madonna
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Madonna
Corée du Sud, 2015
De Su-won Shin
Note FilmDeCulte : ****--
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L'histoire d'une infirmière, Hae-Rim, qui tente d'obtenir de la part de la famille d'une patiente un formulaire de consentement au don d'organe. Cette patiente, Mina, est surnommée Madonna et a été victime d'un étrange accident. Le fils d'une autre famille a désespérément besoin d'une transplantation cardiaque. Hae-Rim va, elle, faire de terribles découvertes...

BITCH, I’M MADONNA

"Rester en vie peut parfois être plus difficile que mourir" : cette riante devise, énoncée au début et à la fin de Madonna, annonce la couleur. Dans son précédent long-métrage, Suneung, la réalisatrice Shin Su-Won prouvait déjà qu’elle n’avait pas peur d’aller au charbon quand il s’agissait de regarder bien en face la violence de la société coréenne. Le lycée de Suneung laisse ici place à un hôpital. Un autre lieu où l’on est censé se construire, mais qui finit par engendrer des monstres. La madonne du titre, c’est d’abord cette infirmière trop naïve et consciencieuse pour lutter contre le cynisme de sa hiérarchie. Mais c’est surtout le surnom moqueur de cette fille boulotte et timide, souffre-douleur se retrouvant enceinte par accident. Avec une curieuse structure scénaristique , qui crée un certain suspens, Shin Su-Won slalome entre ces deux destins. Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils sont chacun noir de chez noir. Les malheurs succèdent aux traumatismes qui eux-mêmes succèdent aux humiliations…

Mais le film tient bon la barre, et s’il frise parfois l’overdose coréenne au carré où l’on souffre plus que n’importe où ailleurs, il évite habilement la parodie grâce à deux moyens détournés. Tout d’abord un léger écho absurde et fantastique, qui vient teinter d’étrange certaines scène subliminales (un jaune d’œuf qui saigne, une couleur de cheveux qui coule) et qui rappelle d’ailleurs l’excellent court métrage Circle Line de la réalisatrice. L’autre pirouette, c’est que l’ensemble finit par retomber sur ses pattes mélodramatiques. Madonna peut donner aux fine bouches l’impression ballonnante qu’on a vidé le frigo du cinéma coréen pour mettre tous les restes dans une même omelette mastoc, mais le film se dénoue de manière plus émouvante que prévue. L’indigestion est évitée, la dignité des personnages est préservée, et prend même un relief inattendu. Preuve que toutes ces bouchées doubles menaient bien quelque part. On peut même faire à Shin Su-Won le meilleur des compliments : pour un film en apparence si coréen, Madonna fait pourtant preuve d’une personnalité singulière bien à lui.

par Gregory Coutaut

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Madonna est diffusé ce dimanche 18 octobre dans le cadre du cycle Séoul Hypnotique.

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